La rencontre d'hier intervient une semaine après la tenue des festivités marquant la célébration du 26e anniversaire du Printemps berbère. La commémoration de cet événement s'est traduite par la tenue d'une multitude de manifestations artistiques et culturelles, de même que l'organisation de beaucoup de marches dans plusieurs localités de la Kabylie. D'aucuns affirment que les artisans du Printemps berbère de 1980 ont franchi une étape décisive, non seulement dans leur revendication d'essence identitaire, mais aussi en termes de libertés démocratiques. Ainsi, les acteurs d'Avril 80 avaient réussi une adhésion presque sans faille de la population à leur projet de lutte politique aussi bien pour l'officialisation de la langue amazighe que pour l'instauration de la pratique démocratique en Algérie. Cependant, depuis cet événement «historique» et à ce jour, force est de constater que la Kabylie est confrontée à un marasme économique et social qui n'a pas manqué de provoquer une régression des conditions de vie des citoyens. Les potentialités économiques dont dispose la région sont restées à l'état de «friche», le chômage bat son plein, l'investissement fait défaut en Kabylie et l'élite de la société, notamment une large partie des diplômés universitaires, ont préféré déserter la région pour aller ailleurs, sous des cieux plus cléments. Ce sont là les quelques symptômes d'une crise dans laquelle a «glissé» la Kabylie, depuis les années 80. Une crise qui s'est accentuée, presque naturellement, à l'heure des douloureux événements que la région a vécus en avril 2001 et qui continue encore de sévir en Kabylie, au détriment du bien-être des citoyens et même de leur sécurité. En effet, un climat d'insécurité s'est installé progressivement en Kabylie, et ce, à partir de 2001, année qui a vu les éléments de la Gendarmerie nationale déserter la région. La situation économique est du reste peu reluisante. Beaucoup de projets d'investissement destinés à voir le jour dans la région ont fini par être délocalisés dans d'autres wilayas du pays, et ce, en raison surtout des réticences d'un environnement «malsain». Les richesses dont dispose la région, si elles venaient à faire l'objet d'une exploitation rationnelle, pourraient transformer la Kabylie en un véritable pôle touristique très attractif, de même qu'elles contribueraient d'une manière efficace au développement de l'industrie et de l'agriculture dans la région. Il est vrai que le pouvoir politique a décrété de façon officielle un plan spécial de relance économique devant aboutir à l'épanouissement de la région. Il est vrai aussi que le contenu de la plate-forme d'El Kseur abonde dans la même logique. Néanmoins, les résultats des efforts consentis par le pouvoir et l'application du document des archs tardent à se faire sentir sur le terrain d'une Kabylie vouée à un climat de déliquescence, causant un désoeuvrement certain aux citoyens. C'est pourquoi il est nécessaire que les négociations s'accélèrent entre les représentants du mouvement des archs et le chef du gouvernement en vue de parer définitivement à la crise en Kabylie.