La sècheresse tant redoutée, un réflexe qui nous rappelle que le pays est pratiquement soumis au spectre du stress hydrique permanent, s'éloigne. Elle est très probablement à écarter cette année. Les agriculteurs ne scrutent plus le ciel. Les pluies qui se sont abattues sur les villes côtières du pays et qui continueront d'arroser au moins 24 wilayas selon un bulletin météorologique spécial (BMS) représentent une bénédiction pour l'agriculture. Un secteur particulièrement performant l'an dernier. La production agricole générerait selon des chiffres officiels répercutés par le président de la République l'équivalent de 25 milliards de dollars. «Les recettes accumulées par l'agriculture sont pour la première fois supérieures à celles engrangées par les hydrocarbures. Elles sont de l'ordre de 25 milliards de dollars pour l'agriculture alors qu'elles ne sont que de 23 milliards de dollars pour le pétrole» s'était félicité Abdelmadjid Tebboune à l'ouverture des travaux de la Conférence nationale sur la relance socio-économique qui s'est tenue en août 2020. Une sacrée performance si l'on tient compte des effets dévastateurs de la pandémie de la Covid-19 sur l'ensemble des économies de la planète. Outre la crise sanitaire, le secteur agricole a pu contourner, grâce à l'extension de l'irrigation d'appoint, le spectre du stress hydrique qui a prévalu presque tout au long de cette année agricole. Ce qui a pu déboucher sur des rendements exceptionnels assurant la sécurité alimentaire, ouvrir des perspectives à l'exportation et permettre de réduire la facture alimentaire qui dépasse les 8 milliards de dollars. Les récentes chutes de pluie augurent d'une bonne saison agricole, probablement meilleure que la précédente, particulièrement en ce qui concerne la céréaliculture. Dans certaines régions céréalières, le rendement du blé dur à l'hectare a atteint jusqu'à 60 quintaux alors que les pouvoirs publics tablent sur une production de 71 millions de quintaux de blé dans un avenir proche, grâce à l'extension des surfaces irriguées qui devront atteindre, cette saison, une superficie de 20 000 hectares à travers le territoire national dont d'importantes surfaces au Sud du pays. Un objectif qui est à portée de main avec ce coup de pouce du ciel, des terres plus fertiles, un sol bien arrosé. Il faudra cependant, tenir compte de la répartition inégale de cette pluviométrie bienfaitrice pour la production agricole, qui accentue la disparité des rendements entre les régions. 15 quintaux à l'hectare pour certaines wilayas moins bien loties alors que la moyenne nationale se situe dans une fourchette entre 19 et 21 quintaux à l'hectare. En 2020, il a été également question de promouvoir l'exploitation rationnelle des terres et de la ressource hydrique, de lutter contre le gaspillage par une bonne gestion des excédents de production, notamment à travers le développement des infrastructures de stockage et les outils de transformation. L'année 2020 a été, en outre, distinguée par la plantation de plus de 11,5 millions d'arbres dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme national de reboisement, qui profiteront de ces eaux qui n'ont pas fini vraisemblablement de gorger des sols encore assoiffés il y a à peine quelques jours. À tel point que la hantise des robinets secs a été évoquée. Le pays n'ayant pas été assez gâté par le ciel les mois précédents. La pluviométrie s'est caractérisée par un taux de remplissage national des barrages de 44,5% tandis que les 80 barrages actuellement en exploitation fournissent 7,7 milliards de m3, sur l'ensemble du pays, alors que le potentiel national global en ressources hydriques ne dépasse pas 23,2 milliards m/3 par an, toutes ressources confondues, indiquaient les chiffres de l'Agence nationale des barrages et transferts (Anbt). Ce qui a conduit les pouvoirs publics à évoquer une probable restriction de l'approvisionnement en eau potable, cet été, si les cieux nous sont moins cléments. Les cieux ont finalement décidé d'être très généreux. Les robinets couleront, en principe, cet été.