Les deux ministres se disent déterminés à employer tous les moyens pour que l'Algérie assure sa sécurité alimentaire et ne reste pas dépendante des bateaux de blé en provenance du Canada et des USA. Consciente de l'enjeu que représente la sécurité alimentaire, l'Algérie a mis en place plusieurs plans visant à booster la production agricole. Le but des différentes politiques mises en oeuvre est que l'Algérie arrive à assurer son autosuffisance alimentaire. C'est un véritable challenge dans lequel s'est engagé le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Mais cette tâche ne peut être endossée par ce département seul. Ce défi du gouvernement nécessite l'implication des autres secteurs, à leur tête le ministère des Ressources en eau. En effet, pour une meilleure production agricole, il est plus que nécessaire d'avoir suffisamment d'eau pour l'irrigation. A présent, malgré tous les efforts déployés par les deux départements, le secteur de l'agriculture connaît un déficit en matière de ressources hydriques. C'est un constat établi ensemble par les deux ministres précités. Lors de la visite effectuée avant-hier, dans la wilaya de Tlemcen, M.Sellal avait annoncé qu'en dépit des 65% des réserves hydriques au niveau national, le secteur reste toujours déficitaire. Le ministre explique ce déficit: «L'Algérie est classée dans la catégorie des pays à "stress hydrique". Pour la Banque mondiale, on ne peut classer un pays dans la catégorie des pays qui n'ont pas de stress hydrique, s'il n'a pas une pluviométrie de 1000 m3/h/an. Nous avons 600 M3/h/an. Donc, nous avons un déficit pluviométrique global de 400 m3/an/h. Il est clair que nous avons une insuffisance en matière de pluviométrie», a déclaré le ministre, lors d'un point de presse co-animé avec son homologue de l'Agriculture, M.Benaïssa. Ce dernier a indiqué que l'Etat a consenti «d'énormes efforts pour mobiliser les ressources hydriques» conventionnelles et non conventionnelles (eaux dessalées, traitées). «Il est temps maintenant de penser à la sécurité alimentaire qui doit passer par une forte production agricole d'où la nécessité d'avoir suffisamment d'eau pour l'irrigation». Pour le même ministre, il est temps de récupérer le maximum «de gouttes d'eau possible». «Chaque goutte d'eau collectée, quelle que soit son origine, est utile pour renforcer la production agricole, notamment l'utilisation des eaux usées traitées qui pourront être d'une grande utilité dans l'irrigation de plusieurs terres agricoles de manière permanente, réglementée et satisfaisante», a-t-il ajouté. M.Sellal explique les différentes stratégies mises en place par son département pour rattraper ce retard d'une part, et pour «mieux arroser l'agriculture», d'autre part. «Pour rattraper ce déficit, nous avons opté pour la stratégie de récupérer cette eau là où elle se trouve. Au-delà des eaux superficielles et souterraines, nous sommes passés aux eaux non conventionnelles. C'est-à-dire la récupération des eaux usées épurées. A cela s'ajoute la politique de dessalement de l'eau de mer.» Le ministre a fait savoir que des barrages dont les eaux seront destinées spécialement à l'agriculture, sont en cours de construction. Pour les deux responsables, l'utilisation des eaux usées traitées dans l'irrigation agricole est encore «au stade expérimental» en Algérie. D'ailleurs, les deux ministères avaient initié une expérience pour lancer des sites pilotes, à l'instar du périmètre agricole de Hennaya (Tlemcen) de 900 ha, qui sera irrigué à partir de la Step de Aïn el Houtz, celui de M'leta (8000 ha) à partir de la Step d'Oran, ainsi que celles de Temacine (Ouargla) et Corso (Boumerdès). Pour le ministre des Ressources en eau, la nécessité d'avoir recours aux eaux non conventionnelles dont les eaux dessalées et usées mais épurées est, désormais, une obligation. Le ministre avance quelques chiffres. Il commence par celui concernant le volume des eaux usées rejetées à l'échelle nationale. Le volume est estimé à près de 750 millions de mètres cubes et dépassera 1,5 milliard de m3 à l'horizon 2020. Il note qu'un programme ambitieux de réalisation de stations d'épuration a été initié dans ce sens et leur nombre est de 102. Concernant le programme en cours de réalisation, qui sera achevé en 2012, il prévoit 176 stations, ce qui donnerait une production d'eaux usées épurées de 550 millions de m3/an, soit l'équivalent de 10 barrages de moyenne capacité. Le programme 2010-2014 prévoit la réalisation de 40 autres Step, ce qui porterait la capacité d'épuration à l'horizon 2020, à 1,2 milliard de m3/an. Pour le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, l'objectif visant l'irrigation de 100.000 hectares par les eaux usées traitées est fixé au niveau national à l'horizon 2014, dont une partie en phase d'expérimentation.