Le traitement humiliant dont ont été victimes les sportifs, dont des médaillés et des Champions mondiaux, à leur retour des Jeux paralympiques au niveau de l'aéroport d'Alger, a fait réagir les Algériens. La sanction n'a pas tardé. Elle a émané du Premier ministre. Benadberrahmane a ainsi mis fin aux fonctions du secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des Sports et du directeur général des sports au même ministère. Ces deux cadres centraux de la République sont coupables de «négligence dans l'accomplissement de leurs missions». Leur rôle était de se tenir à la disposition de tous les athlètes sans distinction. Mais au lieu de cela, il ont fait montre d'un «manquement à l'obligation de l'accueil des athlètes, après leur participation aux Jeux paralympiques à Tokyo», lit-on dans un communiqué des services du Premier ministère, rendu public, hier. Il convient de souligner que cette sanction sans appel a été prise sur ordre du président de la République. Abdelmadjid Tebboune qui, ayant été autant choqué que l'ensemble des Algériens qui ont vu les images humiliantes sur les réseaux sociaux, montrant des athlètes montant difficilement dans un bus qui n'était pas du tout adapté à leur handicap, a pris la décision qu'il fallait. Le communiqué du Premier ministère note que l'affaire ne s'arrêtera pas là, puisqu'une enquête a été ouverte et se poursuivra «afin de demander des comptes à chaque responsable impliqué dans cet incident». Il n'est donc pas interdit de penser que d'autres têtes vont tomber dans un futur proche. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abderezak Sebgag, qui est revenu sur le malheureux épisode dans une conférence de presse animée, hier, a chargé les responsables censés organiser l'accueil des athlètes et promis que le prochain groupe, de retour de Tokyo, sera reçu dans de meilleures conditions. Mais le mal est fait. Il s'agit d'en tirer les enseignements non seulement sur les aspects logistiques qui ont manqué, mais dans tous les actes administratifs. Et pour cause, dans le sport on pourra retenir énormément de griefs à l'endroit des autorités «compétentes». Le dernier en date était l'état calamiteux de la pelouse du stade Mustapha-Tchaker. Le sélectionneur national a eu raison de dénoncer le laisser-aller dans l'entretien de l'infrastructure sportive. Le ministre a reconnu un grave déficit de technicité dans la gestion de tous les établissements dépendants de son département. Mais faire le constat ne règle pas le problème. Et à ce niveau, force est de constater que Abderezak Sebgag n'ébauche aucune stratégie sérieuse pour résoudre un problème vieux comme le pays.Le comble dans cette situation, qui donne de l'Algérie l'image dégradée d'une nation incapable d'entretenir ses infrastructures, ne se limite pas au secteur du sport. On peut multiplier à l'infini les exemples de laisser-aller scandaleux qui font perdre au pays de précieux points dans des classements internationaux et énormément d'argent public. Dans le BTP, les télécommunications, l'environnement, la culture, l'éducation, l'enseignement supérieur... Bref, il n'est pas un domaine qui échappe à la culture du je-m'en-foutisme des responsables et, disons-le clairement, d'une forme d'impunité ambiante où personne ne se sent responsable d'entretenir le bien public et sauvegarder la dignité des Algériens. La double sanction ordonnée par Abdelmadjid Tebboune doit servir d'exemple. Dorénavant, de pareilles fautes doivent se payer cash. Mais cela ne suffit évidemment pas. Encore faut-il acquérir le savoir-faire nécessaire et réserver les moyens financiers qu'il faut pour garantir l'entretien de toutes les installations sportives, culturelles, éducatives, administratives. Les fonctionnaires incompétents n'auront plus à se cacher derrière le manque de moyens. Et les sanctions auront la fonction de séparer le bon grain de l'ivraie.