Les élus de l'opposition, représentant la majorité absolue dans l'Assemblée populaire de la commune de Chemini, ont procédé hier à la mise sous scellés du siège de la localité. Tôt le matin, les six élus sur les listes FLN, RCD et indépendants, ont cadenassé les portes d'entrée du siège avant même que les employés arrivent sur les lieux. L'opposition, formée par le FLN, le RCD et les indépendants avec respectivement deux élus chacun, entendait protester à travers cette action «musclée» contre le «mutisme» qui s'apparente à un «refus» de l'administration «d'exécuter une destitution prononcée par trois fois en présence d'un huissier de justice», expliquait hier le chef de file de la protestation, M.Sadi Ajerroud, élu FLN. Il ajoutera que «la mise sous scellés durera trois jours» et que «d'ici là si rien n'est fait pour répondre à notre exigence, nous irons fermer la daïra», menaçait-il encore. Chemini est l'une des dernières communes de Béjaïa à vivre encore une situation de blocage. L'opposition, qui a prononcé le verdict de destitution du maire le jour même de son installation, n'a pas voulu céder d'un iota sur sa volonté face aux multiples tentatives de réconciliation initiées par l'administration. Le wali de Béjaïa que nous avons interrogé récemment sur le cas de cette APC déclarait privilégier avec le temps la réconciliation entre les deux parties refusant ainsi d'accéder à la demande de l'opposition non sans relever «une incompréhension». «Je ne comprends pas comment on peut destituer un maire le jour même de son installation ne lui donnant pas l'occasion de faire ses preuves», s'interrogeait alors le wali. Mais voilà que la force de la loi, qui permettait l'installation du maire avec une majorité relative, permettait aussi à l'opposition des 2/3 de procéder sans préalable à sa destitution. C'est toute «l'insuffisance et l'inconséquence» de cette loi qui rendent la situation, à Chemini, inextricable. En attendant, l'opposition, plus que jamais déterminée, hausse le ton et entre en action en scellant le siège de la municipalité. C'est une première dans les annales. En effet, si jusque-là ce sont les populations qui procédaient de la sorte pour marquer leur colère, cette fois ce sont les élus qui en usent comme «ultime recours» face à «un parti pris de l'administration», dénonçait un élu.