Le FFS et le RCD, qui se sont présentés aux partielles de jeudi dernier à Tizi Ouzou en « victimes » d'un pouvoir fraudeur et décidé à réaménager la configuration politique locale, peuvent s'estimer heureux au vu des résultats obtenus. Si en termes de classement et de majorité obtenue, le FFS arrive en tête devant son éternel rival, le RCD, le nombre de voix et de sièges obtenus par l'un et l'autre, comparés aux résultats des élections locales de 1997, les seules qui se sont déroulées dans des conditions idéales en présence des deux partis, constitue un indice révélateur du recul de ces deux formations politiques et une avancée des deux partis au pouvoir, le FLN et le RND. Pour les APC, il y a eu 180 776 votants sur un total de 576 668 inscrits. 7331 bulletins ont été déclarés nuls. Pour l'APW, 172 269 électeurs ont voté et 6700 bulletins ont été annulés. Le parti de Hocine Aït Ahmed, qui s'est présenté dans 63 municipalités, a enregistré un net recul par rapport aux élections locales de 1997, alors que le RCD, avec 47 listes, s'est offert quelques communes traditionnellement acquises au FFS. Le plus vieux parti de l'opposition est sorti majoritaire dans 20 communes et se retrouve en ballottage favorable dans 7 autres, alors que le RCD a arraché 17 municipalités et se retrouve en ballottage favorable dans deux autres. Les indépendants arrivent en troisième position avec huit communes, suivis du FLN qui s'est imposé dans cinq localités et en ballottage favorable dans quatre autres. Le RND d'Ahmed Ouyahia est arrivé en tête dans 3 communes, et dans la quatrième, il se retrouve en ballottage favorable avec le RCD (Boudjima). Selon les chiffres communiqués par le wali de Tizi Ouzou, hier, aux environs de 6h30, il n'y a que 3 communes où les partis vainqueurs sont sortis avec des majorités absolues, alors que dans 50 municipalités, les majorités obtenues par les candidats en lice ne sont que relatives. 14 communes sont restées sans majorité et les candidats doivent jouer sur les alliances pour installer les exécutifs, la présidence reviendra à l'élu le plus âgé. Globalement, sur les 609 sièges en jeu, le FFS en a obtenu 188 avec 54 770 voix, le RCD vient en deuxième position avec 38 875 voix, ce qui lui donne 139 sièges. L'ex-parti unique n'est pas loin du parti de Saïd Sadi puisqu'il obtient 32 774, ce qui lui donne 125 élus. Le RND arrive loin derrière avec 20 897 voix et 73 élus. Selon de nombreux observateurs, le vote de jeudi est avant tout un vote militant, au regard du taux de participation enregistré, qui est légèrement au-dessus des 30% pour les deux élections APC et APW. Comparativement à 1997, le parti d'Aït Ahmed a obtenu, jeudi, 188 sièges contre 274 en 1997, soit une perte de 88 sièges. Le RCD a obtenu 139 contre 191 en 1997, soit une perte de 52 sièges. Le FLN, par contre, a obtenu 125 sièges contre 40 en 1997, soit un gain de 85 sièges. Le RND 73 sièges contre 26 en 1997, soit un gain de 47 sièges. Ainsi, en termes de nombres d'élus appelés à siéger dans les 67 communes de la wilaya, ce sont le FLN et le RND qui enregistrent une grande avancée. Les résultats de jeudi ont révélé également qu'il n'y a plus de fief FFS ou de fief RCD. Ainsi, contre toute attente, la commune de Aïn El Hammam, terre natale de Hocine Aït Ahmed, est aujourd'hui entre les mains du RND, alors qu'à côté celle d'Aït Yahia est restée fidèle au FFS. Le RCD a, quant à lui, réussi à sortir majoritaire dans une bonne partie des communes du sud de la wilaya, traditionnellement FFS, comme Boghni, Aït Yahia Moussa, alors qu'à l'est de la wilaya, Bouzeguène (RCD en 1997) a été conquise par des indépendants. Ceci dit, le nombre de voix exprimées en faveur des listes du RCD est légèrement supérieur au nombre obtenu par Saïd Sadi lors de la présidentielle de 2004. S'il est admis que les électeurs votent principalement pour des noms, des personnes qu'ils connaissent, qu'ils apprécient, lorsqu'il s'agit des APC, pour l'Assemblée populaire de wilaya (APW), le choix se porte sur un parti, un programme. Les électeurs ne connaissent pas toujours tous les candidats figurant sur une liste APW. C'est ainsi que la représentativité politique se dessine mieux au sein de l'Assemblée de wilaya. Le nombre de sièges obtenu par chaque parti reflète de manière plus claire son poids politique local. A titre d'exemple, le Parti des travailleurs, qui n'a obtenu que 4014 voix pour les 13 listes communales qu'il a présentées, voit sa liste APW décrocher 15 955 voix et s'offre ainsi 5 élus à l'APW, tout comme le RND d'ailleurs. Le FFS a obtenu la majorité avec 15 sièges à l'APW, en recul par rapport à 1997 (22 élus). Le RCD, par contre, ne fait pas mieux que le FLN avec 11 sièges pour chacun. Le parti de Saïd Sadi a perdu 4 sièges par rapport à 1997 et le FLN en a gagné huit.