C'est un fléau qui prend de l'ampleur en Algérie. On voit de plus en plus d'enfants faire la manche. Certains sont, même, connus à l'échelle nationale à travers leur «stratagème» qui vise à attirer la pitié des gens. À l'exemple de cet enfant d'une dizaine d'années qui jette des paquets de mouchoirs en papier sur la route avant de fondre en larmes, prétextant qu'il venait de perdre toute sa marchandise. Ils sont des milliers d'autres à quitter l'école pour s'adonner à ce qui est devenu une activité des plus lucratives. Mais qui se cache derrière eux? Y a-t-il des réseaux spécialisés dans l'exploitation des enfants? Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, vient de faire une révélation des plus étonnantes. Ce trafic est l'apanage des...mères! «Les statistiques démontrent que la majorité des individus impliqués dans ces crimes étaient, en premier lieu, des mamans (+50%)», a-t-il fait savoir, jeudi dernier, lors d'une séance plénière, au Conseil de la nation, consacrée aux questions orales, présidée par le président Salah Goudjil. Les génitrices utilisent donc non seulement leurs bébés pour mendier, mais envoient directement leurs enfants à la «tâche». Cela voudrait-il dire qu'il s'agit d'actes isolés plutôt que de réseaux spécialisés? Kamel Beldjoud réplique que non. Les mamans dominent ce trafic mais il existe bel et bien des réseaux spécialisés dans l'exploitation des enfants étrangers. «Il y a des réseaux de nationalités étrangères spécialisés dans la traite d'humains et l'exploitation d'enfants et de femmes immigrés clandestins dans la mendicité», a précisé le ministre de l'Intérieur. «Les ressortissants étrangers, présents sur le territoire de manière illégale, recourent à ces actes criminalisés par la législation nationale», a poursuivi le ministre, faisant ainsi remarquer que ces migrants sont déplacés en Algérie pour être exploités dans la mendicité. Le premier policier du pays assure que les autorités ont décidé de prendre des mesures efficaces afin de mettre fin à cette traite d'êtres humains. «Entre autres mesures, adoptées par les autorités pour endiguer ce phénomène, figure le déplacement de ces immigrés clandestins vers leur pays d'origine dans des conditions qui préservent leur dignité», a-t-il indiqué. «Des instructions avaient été données aux services compétents en vue de l'intensification des opérations de sensibilisation au profit des parents et le renforcement du contrôle des lieux fréquentés par les bandes criminelles s'adonnant à l'exploitation des mineurs», a-t-il ajouté. Toutefois, la sensibilisation n'est pas le seul moyen adopté par les autorités. Les pouvoirs publics ont décidé de sévir pour mettre hors d'état de nuire ces criminels, qu'ils soient algériens ou étrangers. «54 individus impliqués dans l'exploitation d'enfants dans la mendicité avaient été placés sous contrôle judiciaire durant les 2 dernières années et 17 autres en détention provisoire pour les mêmes chefs d'accusation», a attesté Beldjoud aux sénateurs. Ce qui peut paraître peu au vu de l'ampleur que prend ce phénomène. Cependant, l'Algérie a opté, jusque-là, pour la pédagogie. Mais il semblerait que les autorités aient décidé de passer à l'étape supérieure.