Le phénomène de l'immigration clandestine touche de plein fouet Tlemcen. Des milliers de Subsahariens, qui ont fui la misère et la guerre, ont cru y trouver l'éden. Ils ont bravé tous les dangers, la tête pleine de rêves, mais au bout, ils s'adonnent surtout à la mendicité pour survivre. Des dizaines d'enfants sont en perpétuelle quête d'espèces sonnantes et trébuchantes. Armés d'assiettes en aluminium, ces mômes s'accrochent aux passants en lançant : « Sadaka ! Sadaka ! ». Visages innocents et se tordant de douleur, ces enfants errent et peuplent les rues. On croise ces « petits mendiants » partout. Ils sont visibles aux alentours des ronds-points, des mosquées. Ils occupent les marchés, les places publiques et les gares routières. Une maman ravagée par les soucis ne sait plus à quel saint se vouer. « Mes enfants et moi avons mis 35 jours pour arriver à Tlemcen », confie-t-elle, ajoutant que « ça fait plus de 14 mois que nous y sommes, et qu'on vit grâce à la générosité des gens ». Avec ses trois fils, elle fait la manche pour quelques sous. Selon un Nigérien, « vivre loin de son pays est difficile ». « Heureusement que les Algériens ne sont ni agressifs ni racistes. On nous aide beaucoup », a-t-il confié. Cette communauté est estimée à des centaines de personnes. Les enfants, livrés à eux-mêmes et privés de scolarité, passent leur journée à tendre la main. Ces visages innocents ignorent sur quelle « planète » ils se trouvent. Ils survivent. Et chaque passant frissonne à la vue de ces petits gueux en haillons, sébile à la main. Les autorités semblent éprouver des difficultés pour répondre à la forte pression migratoire, venue souvent depuis le Maroc. Il ne se passe pas un jour sans que des dizaines de migrants tentent de franchir les frontières du Maroc, le plus souvent à destination de l'Europe, l'Espagne notamment. Les moins chanceux restent coincés dans le royaume. Ceux-ci sont rejetés à notre frontière Ouest, plus précisément à Maghnia. Des centaines d'individus vivent dans des conditions déplorables. Ces candidats intègrent parfois des réseaux de passeurs exerçant dans la clandestinité. Réseaux de trafic Ces migrants sont exposés ainsi à une plus grande précarité. Séjour illégal, faux papiers, escroquerie, proposition de fausse monnaie, nombre d'entre eux se trouvent en prison. Les nombreuses opérations de refoulement, afin d'endiguer le phénomène de l'immigration clandestine, notamment à Maghnia, ne semblent pas dissuader les nouveaux arrivants. En 2005 et 2006, 1.300 Subsahariens avaient été reconduits vers leurs pays d'origine. Il y a quelques années, ces Subsahariens avaient érigé des bidonvilles au niveau de oued Djordji, à Maghnia. Aujourd'hui, ils campent partout, même en pleine ville de Tlemcen. Tlemcen compte, selon des sources sécuritaires, un grand nombre de Subsahariens. La capitale des Zianides est devenue un fief de ces individus à la recherche d'une vie décente. Les statistiques démontrent à quel point le phénomène a pris de l'ampleur, et les services de sécurité font face à une armada de clandestins venus du Mali, du Togo, du Congo, du Sénégal, et même du Maroc voisin. Chaque jour, les services de sécurité procèdent à des arrestations. Parmi ces clandestins, figurent des criminels affiliés à des réseaux de trafic de drogue... Il est à souligner que tout clandestin qui rate son passage vers l'Espagne revient vers Tlemcen, devenue désormais une base arrière de « communautés » dont le sort paraît sombre et incertain.