Le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, a appelé samedi le Conseil de sécurité de l'ONU à préciser la mission du nouvel émissaire des Nations unies pour le conflit au Sahara occidental, et à fournir des garanties pour la tenue d'un référendum d'autodétermination. Nommé le 7 octobre par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, l'Italo-Suédois Staffan de Mistura, 74 ans, prendra ses fonctions comme nouvel émissaire de l'ONU pour ce conflit à partir du 1er novembre, alors que le poste était resté vacant pendant deux ans, suite à la démission de l'ancien président allemand Horst Kohler, las des manoeuvres et des blocages déployés par le Royaume marocain. La question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole considérée comme un «territoire non autonome» en attente de décolonisation par l'ONU, en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Royaume du Maroc au Front Polisario, soutenu par l'Algérie. Rabat, qui contrôle près de 80% de ce vaste territoire désertique au riche sous-sol et bordant des eaux poissonneuses, «propose» un plan d'autonomie sous sa prétendue «souveraineté». Le Polisario réclame le référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU qui avait été prévu lors de la signature d'un cessez-le feu avec le Royaume marocain qui en avait clairement accepté la tenue.»Notre principal objectif est de mettre fin à la colonisation et non pas la nomination d'un nouvel émissaire onusien», a affirmé M. Ghali lors d'une conférence de presse dans un camp de réfugiés sahraouis à Tindouf, dans l'ouest de l'Algérie. Le président de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), membre fondateur de l'Union africaine, a également appelé le Conseil de sécurité notamment à «préciser la mission de son émissaire», «fixer un calendrier pour la mise en oeuvre du référendum (...) et fournir de fortes garanties» pour sa tenue, selon ses déclarations transmises par le Polisario. «En 30 ans de présence onusienne dans le Sahara occidental, tous les émissaires ont connu l'échec et ont démissionné», a-t-il déploré, soulignant la nécessité «d'exécuter la mission de la Minurso», la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, également chargée du contrôle de la cessation des hostilités dans la région. C'est la première fois que M. Ghali apparaît en public depuis son hospitalisation en Espagne où il avait été soigné d'une forme grave du Covid-19 en avril. Le chef du Polisario était arrivé en Espagne dans le plus grand secret à bord d'un avion médicalisé de la présidence algérienne et muni d'un «passeport diplomatique», selon le quotidien El Pais, ce qui avait provoqué une crise diplomatique majeure entre l'Espagne et le Makhzen.