Tigigst. Ne cherchez pas ce nom sur une carte. Il semble même effacé de la courte mémoire des administrateurs locaux. Les sept kilomètres qui séparent cette bourgade du chef-lieu de wilaya de Tiaret, sont multipliés en autant d'années lumière par la force des omissions officielles. Coincée entre les communes de Dahmouni et de Oued Lili, cette région a connu une forte pression de la part des groupes armés et ce, depuis 1997. Ses habitants ont dû abandonner leurs fermes et leurs terres, uniques ressources de survie. «Les autorités n'ont absolument rien fait afin de favoriser le retour des habitants», lance ce natif de Tigigst en insistant sur le fait que ces mêmes autorités ont refusé la distribution d'armes aux paysans désireux retourner chez eux. Les fermes et les petites exploitations agricoles sont, ainsi, abandonnées depuis des années et seuls quelques bergers osent encore revenir pour y faire paître leurs troupeaux, tout en prenant la précaution de ne pas trop s'attarder le soir... Mais la terreur des groupes armés est renforcée par l'abandon total des autorités locales. D'ailleurs, la visite du Chef du gouvernement, mardi dernier, a été l'occasion pour des natifs de la région de tenter de faire part à M.Benflis des graves problèmes rencontrés par cette «contrée» oubliée. Il s'agit principalement d'oeuvrer à faire revenir les habitants de Tigigst vers leur village d'origine et ce, en réurbanisant la région et même, le cas échéant, en distribuant des armes. Le second point concerne le bitumage de la route entre Dahmouni et Oued Lili. Cela permettra de briser l'isolement de toute une région et d'atténuer la pression sur les axes routiers de Tiaret-Ville. Ainsi, les camions, venant de l'Est vers l'Ouest, pourront l'emprunter en passant par le village de Tadma et ce, en évitant le chef-lieu de wilaya. Cette route est plus sûre que celle reliant Tadma à Tiaret avec ses virages dangereux et ses chaussées glissantes pendant la saison froide. Autre point, il est signalé l'insuffisance de l'éclairage rural dont les distanciations varient entre 2 et 4 km. Le dernier point concerne les sinistres que connaît cette région. Ainsi il faut rappeler que les deux écoles fondamentales des patelins appelés Ezzeldja et Aïn Essoufiane ont été complètement détruites et, depuis, abandonnées. En conclusion, les citoyens de Tigigst affirment au Chef du gouvernement leur pleine disposition à retrousser les manches et à s'atteler à la tâche, encouragés en cela par les dispositions du Fndra, (Fonds national pour le développement agricole). Bien que, soulignent-ils, aucun entrepreneur de forage n'ait daigné prospecter cette région. La peur est toujours vivace selon eux. D'autres sources de la région évoquent, quant à elles, les détournements effectués par des faux fellahs. Ces derniers, en fait, de fins spéculateurs, profitent des mécanismes assouplis du Fndra afin de revendre des engrais et des semences en cassant les prix sur le marché et s'assurant du même coup des bénéfices nets de plusieurs millions de centimes.