C'est une situation ubuesque que celle que vit l'investissement économique public et privé, à l'échelle de nombre de wilayas du pays. Le constat est effarant et dépasse tout entendement et logique. Cette fois-ci, l'information nous vient du Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, qui vient de remettre sur la table la question des projets d'investissement achevés à l'arrêt à l'échelle nationale. Dans ce contexte, un communiqué du Premier ministère fait état d'instructions du chef de l'Exécutif, à l'endroit de l'ensemble des secteurs concernés, en vue «d'engager les mesures nécessaires en vue de lever toutes les contraintes rencontrées par des projets d'investissements achevés et non exploités, et ce, pour permettre leur entrée en exploitation avant la fin de l'année en cours». En fait, l'idée avait déjà été abordée par le chef de l'Etat au cours d'un entretien avec les représentants de la presse nationale, qui avait insisté sur l'importance de repêcher les entreprises publiques en difficulté, mais aussi de relancer les projets d'investissements à l'arrêt. Selon le ministère de l'Industrie, 224 projets bloqués sont recensés par les directions de l'industrie et l'Agence nationale pour le développement de l'investissement. Il s'agit, en fait, de projets touchant à des activités des industries textiles, la production des réacteurs médicaux, l'industrie pharmaceutique, les industries mécaniques, la fabrication de machines agricoles et d'équipements destinés à la pêche maritime et à l'aquaculture. Parallèlement, des estimations situeraient le nombre des projets d'investissements achevés, non exploités, aux environs de 400 recensés à l'échelle d'une grande majorité de wilayas. Bien que le communiqué du Premier ministre reste muet sur la nature des blocages et des contraintes qui se dressent sur le chemin de la concrétisation de ces investissements, il reste de notoriété publique que la bureaucratie reste l'un des premiers obstacles identifiés par les services du ministère de l'Industrie. D'autres problèmes sont signalés, tels que la corruption et le népotisme qui persistent encore dans les moeurs de l'administration locale. À cela s'ajoutent l'incompétence et l'absence de conscience professionnelle chez nombre de responsables des administrations locales, où l'on déplore l'absence de discipline et de rigueur professionnelle. Rappelons que le comité en question a établi «un recensement exhaustif de ces investissements concernés par cette situation de blocage, ainsi qu'une identification des contraintes entravant leur mise en exploitation». On notera, à ce sujet, que les causes liées au non- démarrage de ces projets sont dues à des restrictions, notamment l'absence d'aménagements des zones industrielles et des zones d'activités, le non- achèvement des travaux de raccordement aux réseaux de l'énergie électrique et du gaz, sans compter l'AEP et les lourdeurs administratives enregistrées dans la délivrance des licences administratives d'exploitation. En réalité, rien ne justifie un constat aussi déplorable que celui dressé par le Comité national chargé du suivi de la situation des projets d'investissement achevés, non entrés en exploitation. L'urgence de la mesure de reprise et de relance de ces investissements, qui doivent entrer en activité, sans délais, a été signalée par le Premier ministre, la date butoir étant la fin de l'année en cours pour l'entrée en exploitation effective de ces projets. Cela étant, il serait judicieux de rappeler que les réseaux sociaux sont devenus l'exutoire des investisseurs malchanceux, qui font face aux caprices des responsables locaux. Force est de constater que malgré les instructions du président de la République, plusieurs projets névralgiques restent à l'arrêt. Pour ne citer que ceux-là, l'exemple de la reprise des huileries de Jijel et celle d'Alger, ou encore des projets d'investissement comme ceux de Ghar Djebilet, celui du phosphate à l'est du pays, etc. sont de parfaits cas de figure où les lenteurs bureaucratiques prennent le dessus sur toutes sortes de décision politique. Que faire?