L'ambassadeur afghan à l'ONU, Ghulam Isaczai, nommé par le président déchu Ashraf Ghani et qui avait été démis de ses fonctions par les talibans, «a quitté son poste», a annoncé jeudi l'Organisation. «Une lettre datée du 15 décembre, adressée au secrétaire général (Antonio Guterres) et signée de l'ambassadeur Ghulam Isaczai (...) a été reçue le 16 décembre», a déclaré aux médias le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq. «La lettre indique que l'ambassadeur Isaczai a quitté son poste le 15 décembre 2021» et identifie un membre de la mission diplomatique comme chargé d'affaires par intérim, a-t-il ajouté sans préciser son nom. Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de la mission afghane à l'ONU. Selon des diplomates, alors que l'Afghanistan est en crise financière et économique, cette mission est confrontée depuis plusieurs mois à d'importantes difficultés pour subsister. Il y a quelques semaines, Ghulam Isaczai avait encore participé à une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU au cours de laquelle il avait ouvertement critiqué les talibans. Le 14 septembre, il avait demandé formellement à l'ONU son maintien comme ambassadeur de l'Afghanistan. Début décembre cependant, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution repoussant sine die toute décision pour sa session s'étendant de septembre 2021 à septembre 2022 sur qui représente l'Afghanistan, dirigée depuis la mi-août par les talibans. Selon le président de l'Assemblée générale, Abdulla Shahid, aucune réunion du comité d'accréditation de l'ONU chargé de se prononcer sur les candidatures d'ambassadeurs proposées par les pays membres de l'Organisation n'est prévue à court ou moyen terme sur le cas de l'Afghanistan comme sur celui de la Birmanie où deux demandes d'accréditation sont en concurrence. En septembre, les talibans avaient demandé à l'ONU d'accréditer Suhail Shaheen, un ancien porte-parole du mouvement, comme nouvel ambassadeur d'Afghanistan en remplacement de Ghulam Isaczai. Les talibans ont critiqué l'absence de décision onusienne, jugeant que l'ONU, avec cette attitude, «ignore les droits légitimes du peuple afghan». Pour eux, «c'est comme si le président américain Joe Biden avait Donald Trump comme ambassadeur à l'ONU», indique un responsable onusien sous couvert d'anonymat. Lorsqu'ils avaient dirigé le pays pour la première fois, entre 1996 et 2001, les talibans n'avaient pas eu d'ambassadeur à l'ONU.