La mutation numérique tarde à s'opérer de manière rapide dans le pays. C'est, a priori, le constat établi par les différents spécialistes, responsables et intervenants dans le domaine, depuis quelques années déjà. Le plaidoyer du Premier ministre, ministre des Finances Aïmene Benabderrahmane, lors de l'ouverture de la cérémonie de signature de l'accord, portant lancement du service du e-paiement, au titre de l'interopérabilité entre Algérie poste et le réseau interbancaire organisé, jeudi au CIC, va dans le sens d'une volonté ostentatoire d'accélérer la cadence de mise en oeuvre de ce programme. Benabderrahmane a précisé qu'«il s'agit d'une approche globale visant à accélérer la cadence de la mutation numérique, à tirer profit de l'évolution des technologies de l'information et de la communication (TIC) et à assurer leur exploitation optimale, en tant que source de croissance et de développement économiques». Il n'a pas omis, non plus, de souligner, au passage, que «la question du développement du paiement électronique est au centre des actions du gouvernement, visant à sécuriser et à moderniser les échanges entre les différents acteurs économiques». Pour le gouvernement, il s'agit aussi d'une première halte pour évaluer l'état des lieux, en matière de «mise en oeuvre de l'un des engagements prévus dans le Plan d'action du gouvernement pour l'application du programme du président de la République». En matière d'intégration financière et d'allègement de l'utilisation de la fluidité monétaire, le gouvernement semble développer une nouvelle approche de soutien, tout en favorisant les paramètres et les «exigences de sécurité, de fiabilité et de souplesse, à travers la promotion de la généralisation de l'utilisation des moyens de paiement électronique, dans les transactions». L'orateur a également évoqué dans ce sens, que «le paiement électronique aide à l'émergence de nouveaux métiers en rapport avec l'innovation technologique, d'une part et contribue à la réalisation davantage d'intégration financière en Algérie, outre la facilitation des différentes procédures administratives au profit des citoyens, d'autre part». Le grand argentier du pays demeure convaincu que la numérisation et la mise en branle du paiement électronique et, le cas échéant, du e-commerce, qui constitue «une source importante de diversification des recettes économiques», profitera à l'émergence «d'activités génératrices de valeur ajoutée et d'emplois». Selon les indications du Premier ministre, l'accord d'interopérabilité Algérie Poste et le réseau interbancaire, devra renforcer ce processus déjà lancé, au début de l'année 2022. «Ce nouvel accord vient compléter cette interopérabilité, en proposant le service de paiement en ligne à plus de 10 millions de détenteurs de cartes monétiques», dira-t-il encore. Ainsi, la signature de cet accord entre Algérie poste et le Groupement d'intérêt économique de la monétique (GIE Monétique) et la Société d'automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim), devrait relancer ce projet qui avançait à pas d'escargot, malgré les conditions favorables, à savoir la pandémie de Covid-19, et les potentialités existantes, ainsi que les moyens mis à disposition par le gouvernement. Jusque-là, ce mécanisme d'interopérabilité mis en place a permis aux détenteurs des cartes Edahabia et CIB d'opérer des transactions électroniques qui restent, en revanche, très limitées et concentrées, au vu des moyens accessibles. Ainsi, ce nouvel accord, annoncé jeudi, par le Premier ministre, serait à même de «renforcer le processus de généralisation de l'utilisation des moyens de paiement électronique et réduire l'utilisation de la liquidité». Un chantier d'envergure que celui auquel devra s'atteler le Premier ministre, ministre des Finances Aïmene Benabderrahamen, afin de réduire le fossé numérique et produire le bond souhaité et planifié par son équipe gouvernementale, car la numérisation progressive de l'administration publique et l'essor de l'économie numérique grincent des dents, pour le moment. S'il est vrai que des efforts ont été consentis pour booster ce secteur, à la faveur de la pandémie de Covid-19, qui a imposé des mesures sanitaires strictes, comme le confinement et le télétravail, la mise en oeuvre reste encore très en deçà des attentes. Bien que certains indicateurs laissent entrevoir une nette évolution dans ce domaine précis, il n'en demeure pas moins, qu'on peut mieux faire encore. Ainsi, on notera que pour ce qui est des transactions en ligne, le montant des opérations globales est passé «de 3,3 millions d'opérations en 2020, à plus de 6,3 millions d'opérations en 2021, où les montants en circulation ont dépassé 8 Mds de DA, alors qu'ils étaient à 4 Mds de DA en 2020». L'année 2021 a également connu une nette évolution en matière de transactions commerciales, moyennant les terminaux de paiement électronique TPE, avec plus de 2 millions d'opérations commerciales enregistrées. Le montant global de ces transactions est de l'ordre de près de 15 milliards de DA, enregistrant une hausse de 220%, comparativement à 2020 où 711 000 opérations ont totalisé un montant global de 4,7 Mds de DA.