Une crise en cache une autre. À la pénurie «chronique» du lait en sachet, vient s'ajouter une tension sur celui en brique! En effet, en ce début d'année 2022 on ne trouve presque plus ce produit au niveau des étals des supérettes et autres magasins d'alimentation générale. Certaines marques et variétés de lait en brique ont carrément disparu de la circulation depuis quelques semaines déjà. Les Algériens qui n'ont pas pu se lever à l'aube pour «chasser» le lait subventionné, se retrouvent donc dans l'embarras. Que se passe-t-il encore? Les détaillants accusent les grossistes lesquels renvoient la balle aux producteurs. Ces derniers se plaignent du manque de matière première. Qui a tort, qui a raison? En fait, cette situation était prévisible depuis plusieurs mois déjà. Les spécialistes de la filière lait prédisaient même une crise pire que celle que l'on vit actuellement. La faute aux décisions de l'ex-ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelhamid Hamdani. En septembre dernier, il avait gelé les dérogations sanitaires pour l'approvisionnement en poudre de lait. Une mesure qui vise à réduire la facture des importations en encouragent les laiteries à introduire le lait frais local dans leurs produits. Néanmoins, la production locale reste encore très faible. Elle ne peut répondre à la demande actuelle, ce qui entraîne logiquement une nouvelle crise du lait. Que s'est-il passé dans la tête de Hamdani, pour prendre une décision aussi «radicale»? Face à une crise de plus en plus persistante, son successeur, Abdelhafid Henni, a rectifié le «tir». À la fin du mois de décembre dernier, il a levé le gel de ces fameuses dérogations sanitaires. Il faudra encore du temps pour que le marché puisse revenir à la normale. Toutefois, comme il a averti, cette décision n'est que provisoire, le temps de se doter d'une vraie filière de production de lait frais, capable de répondre aux besoins du pays. Tout le monde s'est réjoui en pensant que Henni allait faire le grand «ménage» pour en finir avec la «mafia» du lait en poudre qui se sucre sur le dos de l'Etat. Les citoyens imaginaient déjà la fin du cauchemar du lait, qui les traumatise depuis des années. Surtout, qu'entre-temps, le nouveau ministre de l'Agriculture avait annoncé la levée de la suspension de l'importation de génisses pleines, destinées à la production de lait. Cependant, cette déclaration tarde encore à être appliquée, et ce malgré la publication du nouveau cahier des charges régissant ces importations. Lundi dernier, il a tenté de rassurer en indiquant qu' «elle sera relancée durant le mois en cours». Va-t-il tenir ses engagements? En tout cas, il a réuni les importateurs afin de discuter des nouvelles dispositions, tout en insistant sur le respect des mesures instaurées dans le nouveau cahier des charges. «Cette réunion de concertation a pour objectif d'expliquer aux différents acteurs la nouvelle vision du secteur concernant le développement de la filière lait et celle des viandes rouges», a-t-il fait savoir. «L'objectif étant la couverture des besoins du marché, la création de la valeur ajoutée pour l'économie nationale et la réduction de la facture d'importation», a-t-il soutenu. Dans ce cadre, Henni a insisté sur le caractère obligatoire de l'opération d'agréage ainsi que de l'assurance des génisses, en plus d'un contrôle rigoureux des bêtes importées. «Ce sera appliqué par les services vétérinaires qui veilleront sur le respect du cahier des charges, la traçabilité du cheptel et les critères zootechniques des animaux en matière de performances de production», a-t-il attesté. Il a souligné, également, que l'importation de velles de 12 à 18 mois sera accompagnée d'un dispositif permettant de redynamiser le Centre national d'insémination artificielle et d'amélioration génétique (Cniaag). «Ce qui va contribuer à la multiplication de pépinières de génisses», a rétorqué le ministre. Un plan, des ambitions. Henni réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué? C'est-à-dire permettre aux Algériens de boire du lait frais à bon prix, sans avoir besoin de se «battre» pour pouvoir s'en procurer. Là, c'est une autre paire de manches. Wait and see...