L'Algérie, contrairement à ce que veulent faire croire les politiciens, demeure une destination peu attirante pour les étrangers. Le ministre du Tourisme l'a annoncé, il y a quelques jours : plus de 900 000 touristes ont visité l'Algérie durant l'année précédente. Un chiffre qui aurait pu être un signal fort de la renaissance de l'activité touristique en Algérie et pourtant, la réalité est de tout autre nature. L'Algérie demeure boycottée par les flux touristiques. Image ternie par une décennie caractérisée par une situation politique et sécuritaire instable. Bref une conjoncture qui porte préjudice au développement du tourisme dans l'un des plus beaux pays du monde, le privant de sources financières extrêmement importantes. Pour ce qui est des chiffres et ce que le ministère a oublié de préciser, c'est que 85% des touristes ne sont, en vérité, que des Algériens résidant à l'étranger. Des émigrés qui viennent au pays en vacances au sein de leur famille. Concernant «les touristes étrangers», leur nombre est estimé à 197.000. Il faut y inclure, les membres des délégations étrangères ayant participé à différents colloques et séminaires, dont 6.000 étrangers ayant pris part au Festival mondial de la jeunesse. Bref et après des calculs logiques, on constate que le nombre des touristes étrangers ne dépasse pas les 100.000 personnes. L'Algérie est, contrairement à ce que veulent faire croire le département de Dorbani, une destination peu attrayante pour les étrangers. C'est ce que nous confirme un inspecteur principal du tourisme en précisant: «Le pays a du mal à bannir l'image de guerre et de violence manipulée par les médias étrangers.» Par ailleurs, pour les touristes étrangers, il a noté que la zone saharienne est la destination de prédilection. Les années passent et un véritable marché s'y constitue au fil de l'expansion de l'offre et de la demande. Le Sahara a beau être immense, les plus beaux sites où se concentrent les voyageurs sont très localisés ce qui ne peut qu'endommager l'environnement. Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme. «La pollution que j'ai constatée sur certains sites du Tassili du Hoggar en mars dernier, constitue un véritable problème depuis que deux vols charters atterrissent à Tamanrasset», explique Daniel Popp, cofondateur et ancien dirigeant de l'Agence Terres d'avenir dans sa communication d'hier lors du séminaire préparatoire pour l'Année internationale de l'écotourisme en 2002, qui se tient à l'hôtel El-Aurassi. L'exemple du Tassili est intéressant pour illustrer les conséquences de ce que peut entraîner un développement touristique non maîtrisé et irresponsable. Cette région, située à 200 km au sud de Tamanrasset, l'une des plus belles du Sahara, a été privée des flux touristiques pendant 7 ans, jusqu'en 1999 et devrait donc retrouver une certaine virginité. Pour l'heure, il est d'autant plus important pour les responsables du secteur de procéder à la réorganisation du tourisme saharien afin de protéger un patrimoine national menacé par des touristes mal informés, mal encadrés qui ne se sentent pas vraisemblablement concernés par la protection de ces merveilles.