L'Algérie et la Tunisie commémorent le massacre de Sakiet Sidi Youssef, perpétré le 8 février 1958, par le colonialisme français. Cette date constitue une halte historique qui rappelle le lourd tribu qu'ont payé les deux peuples, algérien et tunisien, pour sceller leur sort et leur destin par le sang. C'est là le sens de la solidarité et de la fraternité qui lient les deux peuples dont le colonialisme et ses affres étaient le ciment qui a pu consolider les liens historiques et les rapports de la fraternité profonde. Les historiens français sont parcimonieux quant au travail de recherche historique réservé à cette page abominable de l'oeuvre de la «civilisation» française. Rares sont les historiens qui ont écrit des livres d'histoire pour informer et mettre à la disposition des lecteurs avides la vérité historique sur le colonialisme français et ses crimes contre l'humanité. Le bombardement par l'aviation militaire française du village de Sakiet Sidi Youssef, n'était autre qu'une vengeance et une descente punitive contre les civils tunisiens après une lourde défaite de l'armée française lors de la bataille d'«El Ouasta», par l'Armée de Libération nationale, dans la région de Souk Ahras. Cette bataille a fait perdre à l'armée coloniale 15 de ses soldats et la capture de quatre autres un certain 11 janvier 1958. Cette défaite militaire française a poussé l'administration coloniale à commettre un massacre en bombardant des civils sans défense, dans le village de Sakiet Sidi Youssef causant ainsi la mort de 79 d'entre eux, dont 11 enfants et 20 femmes,ainsi que 130 blessés. Ce massacre n'a pas laissé les instances internationales sans réaction, bien au contraire, l'Organisation des Nations unies (ONU), a dénoncé cet acte criminel et abominable. L'internationalisation de la question algérienne s'est intensifiée davantage avec ce massacre des civils de Sakiet Sidi Youssef. Le mouvement de Libération nationale a su faire du combat contre l'armée coloniale française un moyen idoine dans l'optique de renforcer les liens avec le peuple tunisien et de consolider la solidarité dans l'objectif de mettre un terme aux rapports de domination et de sujétion. C'est ce qui explique, aujourd'hui, l'excellence des relations entre l'Algérie et la Tunisie. Des relations qui ont été tissées dans le feu des luttes et des sacrifices inouïs. La commémoration du 64e anniversaire des massacres de Sakiet Sidi Youssef, démontre le lien profond qui lie les deux peuples algérien et tunisien autour d'un avenir et un destin communs. Le contexte géopolitique actuel renforce l'idée de cette fraternité et solidarité entre l'Etat algérien et l'Etat tunisien. C'est un même combat, un combat de la sauvegarde de l'indépendance et de la souveraineté nationales dans une conjoncture très dangereuse où le retour de l'esprit néocolonial et de la reconquête se fait remarquer avec acuité dans le monde en général et dans la région en particulier. Le travail en coordination entre les pays frères est une nécessité imposée par les exigences de l'étape caractérisée par des démarches bellicistes des puissances internationales et les ingérences dans les affaires internes des pays souverains. L'Algérie et la Tunisie donnent l'exemple de deux Etats qui développent des relations diplomatiques où la fraternité détermine l'essentiel des objectifs politiques et stratégiques. L'histoire commune et le sacrifice consenti par le sang des deux peuples sont à même d'enclencher un processus encore profond et salutaire sur le plan économique et des échanges culturels et touristiques. Le massacre de Sakiet Sidi Youssef témoigne sur la barbarie coloniale et ses mensonges colportés dans le but de dénaturer les vérités historiques. C'est aussi un élan qui a permis aux deux peuples, algérien et tunisien de cimenter leurs liens et les transformer en une dynamique de relations fraternelles et de solidarité profonde. La leçon de Sakiet Sidi Youssef inspire les deux Etats, algérien et tunisien, à aller de l'avant pour constituer un front commun face aux menaces qui guettent leurs frontières respectives. C'est là où réside l'enjeu.