Le souvenir de l'assaut aveugle et barbare menée par l'aviation française, le 8 février 1958 à Sakiet Sidi Youcef, un paisible village tunisien près de la frontière algérienne, restera à tout jamais gravé dans la mémoire commune des Algériens et des Tunisiens dont le sang s'était mêlé ce jour-là. L'Histoire a fini par démontrer que ce massacre censé opérer une fracture entre les deux peuples voisins, avait cimenté leur solidarité et raffermi le soutien tunisien à la glorieuse Révolution de libération nationale. Selon des habitants des communes de Heddada, de Lekhdara et de Sidi-Fredj, la localité de Sakiet Sidi Youcef, située sur la route reliant les villes algériennes de Souk Ahras et tunisienne du Kef, était surtout une base de repli pour soigner les blessés et les invalides du combat de Libération nationale. Ces bombardements meurtriers ont été menés selon certaines sources historiques, en représailles à la perte par l'armée d'occupation de 16 soldats et de l'emprisonnement de 4 autres lors de la bataille d'El Ouasta, près de Heddada, le 11 janvier 1958. Le 8 février 1958 avait coïncidé avec la présence à Sakiet Sidi Youcef d'un grand nombre de réfugiés algériens arrivés pour recevoir une aide humanitaire du Croissant-Rouge tunisien et de la Croix Rouge, soutient le président de l'Association des grands invalides de la guerre de Libération nationale, le Moudjahid Tayeb Sedira. Ce moudjahid qui souhaite voir les jeunes algériens s'intéresser davantage à l'histoire du combat libérateur de leur pays, affirme que les avions bombardiers et de chasse avaient réduit en ruine le village et poursuivi même les civils qui fuyaient. De son côté, le président de l'association "Maâthir Ethaoura", Abdelhamid Aoudi, souligne que l'état-major de la base de l'Est avait alors donné à la France une leçon de morale en temps de guerre en réservant un traitement humain aux quatre soldats français faits prisonniers, au moment où les tortionnaires français avaient brisé les côtes de la moudjahida Djamila Bouhired et brûlé son corps. Pour ce témoin, le bilan de ce pilonnage a été particulièrement lourd car survenu pendant un jour de marché. Cent civils y avaient péri dont 20 écoliers et 31 femmes, et 130 autres avaient été blessés. Le siège de la Mou'tamadia, une école primaire, des bâtiments des douanes et de l'administration forestière ainsi que des équipements de la Croix-Rouge, 50 commerces et 100 habitations ont été ravagés au cours de ces bombardements. Cette exaction avait été vivement condamnée, y compris par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, alliés historiques de la France, rappelle le président de l'association "Maâthir Ethaoura". M. Bouteflika réitère sa disponibilité à promouvoir les relations bilatérales Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message à son homologue tunisien, Mohamed Moncef Marzouki, à l'occasion de ce 55ème anniversaire des évènements de Sakiet Sidi-Youcef, qui a été commémoré hier, dans lequel il lui a réitéré sa disponibilité à hisser les relations bilatérales au plus haut niveau et de les élargir à tous les domaines. "Il m'est agréable à l'occasion du 55ème anniversaire des mémorables évènements de Sakiet Sidi-Youcef, de vous présenter au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel, mes chaleureuses salutations, et mes vœux les meilleurs de santé et de bien-être et au peuple tunisien frère davantage de progrès et de prospérité", a écrit le président Bouteflika dans son message. "Tout en nous nous remémorant aujourd'hui les sacrifices de nos vaillants martyrs et les épopées de la lutte commune de nos deux peuples contre le colonisateur, nous devons redoubler d'efforts pour renforcer les liens de fraternité, de solidarité et de coopération entre nos deux pays frères, en signe de fidélité aux grands sacrifices et à la lutte où s'est mêlé le sang des Algériens et des Tunisiens pour la liberté et œuvrer à inculquer ces valeurs aux générations montantes appelées à tirer des enseignements des hauts faits des chouhada et moudjahidine", a-t-il ajouté.