Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra est convié au département d'Etat américain où il rencontrera son homologue Antony Blinken. «La visite de Lamamra à Washington interviendra probablement en juin prochain», ont indiqué, à L'Expression, des sources très crédibles précisant que «cette invitation fait suite aux résultats jugés très positifs de la visite effectuée à Alger, le 30 mars dernier, par le secrétaire d'Etat américain». Il ne s'agit pas d'un premier contact, mais de retrouvailles entre les deux hommes qui se connaissent de très longue date. La proximité entre eux a été tissée par un ami à Lamamra, également ami intime de Blinken, à l'époque où ce dernier poursuivait ses études à Paris. Les deux hommes se sont également rencontrés en 2016, alors qu'il était secrétaire d'Etat adjoint américain, Antony Blinken s'est déjà longuement entretenu avec Ramtane Lamamra, lors du dialogue stratégique algéro-américain. Les deux diplomates aborderont la situation régionale, notamment en Libye et au Sahel ainsi que le dossier du Sahara occidental. Pays pivot dans la région, l'Algérie demeure un îlot de paix et de stabilité dans un environnement hostile. «Alors que la Libye s'achemine vers une guerre civile et que le Mali est confronté à une instabilité intensifiée, les Etats-Unis devraient reconnaître la valeur de la stabilité politique et économique retrouvée de l'Algérie», souligne le think tank américain, North Africa Risk Consulting. Aux frontières ouest, le Maroc en proie à une profonde agitation sociale tente de se réfugier sous le parapluie israélien, quitte à mettre en péril toute l'Afrique du Nord. Le voisin de l'Ouest multiplie attaques et fake news pour saboter toutes les démarches de l'Algérie. Le Makhzen est allé jusqu'à colporter que le secrétaire d'Etat américain se serait ingéré dans les choix géostratégiques de l'Algérie. «Nulle part dans la réponse du secrétaire d'Etat, dont le texte est consultable sur le site du département d'Etat, il n'est dit que le responsable américain a appelé l'Algérie à limiter ses liens avec la Russie et à chercher à améliorer ses relations avec le Maroc voisin», a déclaré Amar Belani. D'autre part, le responsable américain, n'a à aucun moment évoqué, lors de sa visite en Algérie, la réouverture du gazoduc Maghreb Europe (GME), selon la même source. Embarqué par Israël dans une dangereuse aventure sans lendemain, le Maroc a tenté d'arracher un soutien de Blinken dans le dossier du Sahara occidental. La délégation américaine a affiché un niet affirmant que la position de l'administration Biden n'a pas changé. Elle consiste à soutenir les efforts de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies dans la conduite du processus politique sous les auspices de l'organisation internationale. Le journal américain The New York Times a rapporté jeudi, que le régime marocain n'a pas réussi à convaincre Antony Blinken d'ouvrir un consulat américain dans la ville occupée de Dakhla. Dans le même article, The New York Times a également révélé que les dirigeants arabes, lors de leur rencontre avec Blinken, en marge du sommet du Néguev, ont demandé à l'administration Biden d'ouvrir un consulat américain au Sahara occidental. Les bouleversements géopolitiques dans le monde affectent directement le Sahel trop vulnérable. Cette fragilité sécuritaire et politique s'est davantage compliquée par l'état de guerre qui règne, depuis deux mois, entre l'Ukraine et la Russie. La Libye rechute et risque de sombrer dans la violence une seconde fois, la Tunisie convalescente peine à se relever. Sur le flanc sud, les cinq pays du Sahel, le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad sont confrontés à d'énormes défis sécuritaires. Dans ce contexte, les Etats- Unis tentent, avec l'Algérie de recentrer l'attention sur un nouveau cadre de coopération incluant aussi bien l'Afrique du Nord que le Sahel. Ce sont tous ces dossiers que Lamamra abordera à Washington avec son homologue Blinken.