Le gouvernement mis en place en Guinée lie désormais le «retour normal de l'ordre constitutionnel» à un recensement général et administratif de la population, entre autres préalables avant la tenue d'élections législatives et présidentielle. Le ministre de l'Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, a détaillé vendredi «dix étapes» devant mener à la restitution du pouvoir à des civils élus, alors que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) somme Conakry de présenter «au plus tard le 25 avril» un «chronogramme acceptable pour la transition». Condé a tenu ces propos à l'ouverture du «cadre de concertation inclusif», nouveau forum de la transition politique à côté de la conférence de «réconciliation» en cours. La remise du pouvoir aux civils doit être précédée du «recensement général de la population», du «recensement administratif à vocation d'état-civil», de «l'établissement du fichier électoral», «l'élaboration de la nouvelle Constitution», «l'organisation du scrutin référendaire», «l'élaboration des textes de lois organiques», avant «l'organisation des élections locales» puis législatives, la «mise en place des institutions nationales issues de la nouvelle Constitution» et enfin «l'organisation de l'élection présidentielle». «Monsieur le ministre, on en a pour au moins quatre ans, donc, et si c'est le cas, c'est le devoir d'un régime légal de faire tout ce que vous nous proposez là», a réagi Cheick Tidiane Traoré, leader du Mouvement pour la République (MPR). Le colonel Mamady Doumbouya a pris le pouvoir le 5 septembre 2021 à Conakry, renversant le président Alpha Condé, dont les dernières années à la tête de l'Etat ont été marquées par des mois de contestation sévèrement réprimée. Investi président de la République, il s'est engagé à rendre le pouvoir à des civils élus, mais sans dire à quelle échéance. Refusant de se laisser dicter un délai par la Cédéao, l'autorité de transition guinéenne assure que le calendrier sera fixé par le Conseil national de transition (CNT), assemblée faisant office d'organe législatif qui siège depuis février. La Cédéao a menacé le 25 mars d'imposer à la Guinée «des sanctions économiques et financières» plus larges, «immédiatement» après le 25 avril.