La junte en Guinée a dévoilé les organes de la transition vers la restauration d'un pouvoir civil élu, sous la direction de son chef, le colonel Mamady Doumbouya, sans fixer la durée de cette transition. La «charte de la transition», sorte d'acte fondamental lu lundi soir au journal télévisé, assigne aux autorités de transition une série de missions, dont l'élaboration d'une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections «libres, démocratiques et transparentes». La transition sera conduite par quatre organes: le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) instauré par les militaires après le putsch du 5 septembre et dirigé par le colonel Doumbouya; le président de la transition, chef du CNRD, chef de l'Etat et des forces armées; un gouvernement dirigé par un Premier ministre civil; et un organe législatif, le Conseil national de la transition (CNT). Aucun membre de ces organes ne pourra se présenter «ni aux élections nationales ni aux élections locales qui seront organisées pour marquer la fin de la transition». La durée de cette transition «sera fixée de commun accord entre les forces vives de la nation» et le CNRD, dit la charte, alors que la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) réclame la tenue d'élections dans six mois. Le CNT, composé de 81 membres proposés par différentes composantes de la population, dont les partis politiques, la société civile, les syndicats, le patronat ou les forces de sécurité, aura pour tâche d'élaborer le projet de Constitution. Les membres du gouvernement du président déchu Alpha Condé et des institutions de son régime ne peuvent être désignés au CNT, selon la charte. M. Condé a fait adopter par referendum en mars 2020 une nouvelle Constitution et a invoqué ce changement de loi fondamentale pour se représenter après deux mandats, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang. Sa réélection en octobre 2020,vigoureusement contestée par l'opposition, avait été précédée et suivie par des dizaines d'arrestations. Les nouvelles autorités militaires en Guinée, qui ont renversé le 5 septembre le président Alpha Condé, prévoient de former un «gouvernement d'union nationale» et d'«élaborer une nouvelle Constitution» avant la tenue «d'élections libres», a affirmé lundi à l'Assemblée générale de l'ONU l'ambassadeur de ce pays. Depuis le 14 septembre, le nouveau pouvoir en Guinée a engagé «des concertations nationales devant conduire à une transition inclusive et apaisée pour un retour à l'ordre constitutionnel», a précisé Aly Diane. Cet ambassadeur a gardé ses fonctions alors qu'il avait été nommé par Alpha Condé, déposé lors d'un coup d'Etat militaire par le commandant des forces spéciales guinéennes, le colonel Mamady Doumbouya. Il n'a donné aucune échéance alors qu'une mission ouest-africaine a réclamé le 17 septembre des élections dans les six mois.»Des dispositions ont été prises pour permettre aux partis politiques et à la société civile d'exercer librement leurs activités», a aussi dit l'ambassadeur guinéen en rappelant que des libérations d'opposants à Alpha Condé étaient aussi intervenues.