L'actuelle politique américaine menée envers l'Iran est «en contradiction» avec la volonté affichée du président Joe Biden de relancer l'accord sur le nucléaire, a indiqué, hier, le ministère iranien des Affaires étrangères, avant la visite de Joe Biden au Moyen-Orient. «Les déclarations répétées de Joe Biden sur la poursuite de la politique de pression économique et diplomatique contre l'Iran est en contradiction avec la volonté de l'administration américaine de vouloir relancer l'accord nucléaire de 2015», a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani. Il faisait notamment référence aux propos de Joe Biden dans une tribune publiée samedi par le Washington Post. «Mon administration va continuer à accroître la pression diplomatique et économique jusqu'à ce que l'Iran soit prêt à revenir au respect de l'accord, tout comme je suis prêt à le faire», a écrit le président américain. Biden doit débuter aujourd'hui par l'Etat hébreu sa première tournée au Moyen-Orient, qui le mènera aussi en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite, depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2021. Depuis avril 2021, des discussions, sous l'égide de l'Union européenne (UE), sont menées pour réintégrer les Etats-Unis à l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne et ramener l'Iran au respect intégral de ses engagements en la matière. À la suite du retrait en 2018 des Etats-Unis de l'accord et le rétablissement des sanctions, Téhéran s'est progressivement affranchi de ses obligations. Des pourparlers indirects ont eu lieu fin juin à Doha entre les Etats-Unis et l'Iran, par l'intermédiaire de l'UE, pour tenter de débloquer les négociations mais n'ont permis «aucun progrès» selon Washington. Les déclarations de Joe Biden sont «partiales et non réalistes», a indiqué Kanani. Les responsables américains veulent la «stabilité et sécurité dans la région ouest de l'Asie (...) Ils devraient comprendre les nouvelles réalités mondiales et éviter d'imposer les valeurs américaines et leur unilatéralisme». Les Etats-Unis doivent «permettre aux pays de la région d'agir selon leurs propres valeurs, intérêts et réalités dans le cadre d'une coopération régionale pour assurer leur propre sécurité et leurs intérêts collectifs», a ajouté le ministre iranien. L'Iran a fait état ce week-end de nouvelles avancées techniques concernant l'enrichissement d'uranium, poursuivant le développement de son programme nucléaire en plein blocage des pourparlers pour relancer l'accord de 2015. Selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) aux Etats membres, la République islamique a commencé à «alimenter la cascade de centrifugeuses» avancées à l'usine de Fordo, qui avait été récemment modifiée en vue d'une plus grande efficacité. Cette amélioration technique permet de «changer la configuration de la cascade plus facilement» et de passer rapidement d'un niveau d'enrichissement à l'autre, avait expliqué l'AIEA dans un précédent rapport en mai. Cette usine est située dans les profondeurs des montagnes à environ 180 km au sud de Téhéran. Début janvier 2021, l'Iran avait indiqué avoir amorcé le processus destiné à produire de l'uranium enrichi à 20% sur le site, au-delà des 3,67% fixés par l'accord connu sous son acronyme anglais JCPOA. Quelques mois plus tard, il avait franchi, dans un autre lieu, le seuil inédit de 60%, se rapprochant des 90% nécessaires à la confection d'une bombe - une intention niée par Téhéran. Le gendarme onusien du nucléaire est chargé de vérifier et de contrôler la mise en oeuvre des engagements pris par l'Iran en 2015 à Vienne avec les grandes puissances. Mais à la suite du retrait en 2018 des Etats-Unis sous l'impulsion de Donald Trump et le rétablissement des sanctions, Téhéran s'est progressivement affranchi de ses obligations. Et les discussions ouvertes au printemps 2020 à Vienne pour trouver une entente sont au point mort, après une récente tentative avortée à Doha.