Le lourd dossier du nucléaire iranien va-t-il connaître une heureuse sortie de crise? La question est posée, au lendemain d'une réunion virtuelle des chefs de la diplomatie française, allemande et britannique avec leur homologue américain, Antony Blinken, - c'est là la deuxième réunion depuis l'entrée en fonction de la nouvelle administration américaine, en janvier dernier -, les Etats-Unis ont indiqué jeudi qu'ils sont prêts à engager des discussions avec l' Iran en vue de revenir au respect de l'accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), conclu en juillet 2015. Aussi, Washington a accepté une invitation de l'Union européenne à des pourparlers avec Téhéran afin de réactiver cet accord torpillé, dès son entrée à la Maison-Blanche, par le président américain sortant, Donald Trump. Il s'agit d'une réunion qui pourrait réunir, outre l'Allemagne et l'Iran, les quatre pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, à savoir la Chine, la France, le Royaume-Uni et la Russie, et qui devrait servir de première approche dans la tentative «d'évoquer la meilleure façon d'avancer concernant le programme nucléaire» iranien, selon le département d'Etat. Il s'agit, affirme-t-il, de «s'asseoir à une table avec l'Iran et ouvrir une voie pour essayer de revenir à une situation où les Etats-Unis et l'Iran seront à nouveau en conformité» avec l'accord nucléaire. Jusqu'à présent, Téhéran n'a pas encore répondu à l'invite américano-européenne, se contentant de rappeler sans cesse sa position qui privilégie la levée préalable des sanctions imposées par l'administration Trump avant une quelconque reprise des pourparlers bilatéraux ou multilatéraux. L'Iran a, d'ailleurs, dénoncé, à maintes reprises le non-respect de leurs engagements par les pays occidentaux signataires de l'accord de Vienne. Aussi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zariv, a-t-il déclaré que l'Iran annulera à son tour toutes les mesures coercitives seulement si «les Etats-Unis lèvent de manière inconditionnelle et effective toutes les sanctions imposées, réimposées ou rebaptisées par Trump». Depuis le départ de celui-ci et l'entrée en fonction de son successeur démocrate Joe Biden, les deux pays ont choisi une stratégie similaire, chacun attendant de l'autre qu'il fasse le premier geste comme preuve de sa bonne volonté pour mettre fin au bras de fer entamé en 2018. Sauf que l'Iran a encore renouvelé, ces jours derniers, la menace de s'affranchir d'autres engagements pris en 2015, au cas où les Etats-Unis tarderaient à desserrer l'étau qui affecte gravement son économie et même la santé de la population depuis le début de la pandémie du nouveau coronavirus. Il envisage, également, de poursuivre l'enrichissement d'uranium métallique jusqu'à 20%, c'est-à-dire à un stade décisif de la production d'arme nucléaire. De quoi alarmer les puissances occidentales qui comptent sur l'AIEA, présente, hier, sur les sites nucléaires iraniens, pour «trouver une solution mutuellement acceptable». Europe et Etats-Unis ne cachent pas leur inquiétude face à cette «menace aussi grave, en particulier dans ce moment d'opportunité pour un retour à la diplomatie». Aussi, insistent-ils sur l'apaisement des tensions et l'encouragement par toutes les parties de l'objectif politique commun.