Un roi gravement malade qui ne gouverne plus, un Premier ministre rejeté par la rue et le Makhzen occupé à gérer une sourde guerre de succession qui mine le Palais. Jamais le Trône n'a été aussi affaibli et menacé. C'est dans cette ambiance d'extrême fragilité interne que l'on assiste à une valse de ministres et de hauts responsables militaires au Maroc. Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, s'est rendu au Maroc ce 25 novembre 2021, le ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid en août 2021 et aujourd'hui, deux ministres israéliens débarquent à Rabat. Le ministre de la Coopération régionale, Issawi Frej effectuera une visite officielle du 24 au 28 juillet. Ancien député du parti de gauche Meretz, Frej sera accompagné par une délégation de femmes journalistes juives et arabes israéliennes dans le cadre d'un forum régional qu'il a créé dans le but de «renforcer la voix des femmes dans les médias». Pour sa part, le vice-Premier ministre et ministre de la Justice, Gideon Saar, débutera, demain, une visite de travail de quatre jours axée sur la coopération juridique, la première du genre depuis la reprise des liens diplomatiques entre Israël et le Maroc fin 2020. Un accord de partenariat sera signé dans ce domaine. Ces deux visites s'ajoutent à un flux de plus en plus régulier de délégations israéliennes au Maroc. Mais ces déplacements ne peuvent dissimuler les visées de l'entité sioniste dans la région. L'objectif caché de ces périples est avant tout l'extension stratégique israélienne en Afrique du Nord et occidentale, ainsi que le détroit stratégique de Gibraltar. Un fait marquant s'est produit, il y a une semaine. Le Makhzen a déroulé le tapis rouge à un invité bien spécial: le chef d'état-major de l'armée, le général Aviv Kochavi qui est un ex-parachutiste ayant dirigé le renseignement militaire israélien et qui s'est surtout distingué par ses méthodes brutales et expéditives à Ghaza, ainsi qu'au Liban. C'est la première visite officielle d'un chef d'état-major israélien dans ce pays. Kochavi a sillonné les quartiers de la vieille ville de Marrakech où s'est développée une forte communauté juive, il s'est rendu au cimetière juif et visité la synagogue Al-Azama. En conquérant, l'hôte du Makhzen s'est même permis le caprice de titiller toute la nation arabe sur... une terre arabe. Au dam du président du comité El Qods, Kochavi, s'est longuement entretenu avec d'anciens soldats de l'armée israélienne contre la coalition arabe durant la guerre du Kippour en octobre 1973. Une rencontre qui en dit long sur les messages ostentatoires que veut transmettre ce responsable militaire. Mais ce n'est pas la seule provocation qu'on retient de cette visite qui s'apparente à une véritable OPA israélienne, Rabat s'offre totalement à Tel Aviv. La presse marocaine rapporte qu'Israël a demandé au Makhzen d'utiliser les infrastructures du voisin de l'Ouest pour y implanter des bases aériennes. Claire, directe est la menace sur l'Algérie. Mais le fait est loin d'être une surprise pour l'Algérie qui a compris et dénoncé cette situation depuis le premier jour de la normalisation du Maroc avec Israël. Alger savait parfaitement que cette démarche allait dangereusement déboucher sur une alliance militaire assimilable à des actes d'hostilité sur ses frontières. Le ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid n'a-t-il pas menacé l'Algérie sans que les autorités marocaines ne réagissent? Ce n'est pas un hasard si l'armée algérienne a décidé de renouer avec les défilés militaires. L'imposant défilé organisé à l'occasion du 60e anniversaire n'a certes pas d'objectif belliciste mais il a une visée dissuasive. C'est une grave erreur que d'affirmer avec certitude la fin des guerres classiques. Le conflit ukrainien est la preuve éclatante qui contredit cette idée. La puissance de feu exhibée par l'Algérie ce 5 Juillet fait écho à sa détermination à défendre son intégrité territoriale par les importants moyens militaires et humains dont elle dispose et dont elle n'a montré qu'une partie.