Tout est ficelé pour que soient lancés les travaux qui doivent donner naissance à cette méga infrastructure gazière, trop longtemps en gestation. La réalisation de ce projet hautement stratégique, vieux de 13 ans, constamment relancé par l'Algérie qui l'a porté à bout de bras, avec ses deux partenaires, le Nigeria et le Niger, doit enfin devenir réalité. Il aura un impact remarquable au niveau international, continental, et régional. Ce gazoduc contribuera incontestablement à l'émergence d'un marché africain de l'énergie, ainsi que la mutualisation du savoir-faire, de la maîtrise technologique et des moyens des sociétés nationales d'hydrocarbures, pour le développement d'une industrie indépendante. En la matière, la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, qui fait désormais partie du cercle restreint du Top 10 des entreprises pétro-gazières mondiales sera d'un apport certain, inestimable pour jouer un rôle de premier plan dans la concrétisation des objectifs assignés à cette méga structure. Elle doit assurer à ce titre l'approvisionnement des marchés et assurer un meilleur positionnement des trois pays (Algérie, Nigeria et le Niger) sur l'échiquier mondial de la transition énergétique et du développement durable. Le transsaharien devrait transporter à terme des milliards de mètres cubes de gaz nigérians vers l'Algérie en passant par le Niger. L'Algérie pourra ensuite envoyer vers les pays de l'Union européenne du gaz nigérian, via le Transmed qui relie le pays à l'Italie en passant par la Tunisie, et en GNL (gaz naturel liquéfié) transporté par des méthaniers. Il faut rappeler que les trois parties avaient affiché lors d'une tripartite qui s'est tenue en juin dernier leur volonté de mener à bien ce projet «stratégique» commun, devant relier, notamment le marché européen aux champs gaziers du Nigeria via l'Algérie et le Niger. D'une longueur de plus de 4 128 kilomètres et d'une capacité annuelle de trente milliards de mètres cubes. Il partira de Warri, la plus grande ville de l''Etat du Delta, au sud du Nigeria, pour arriver à Hassi R'Mel, en Algérie en traversant le Niger. Il viendra s'ajouter à deux autres gazoducs à caractère structurant, régional et intercontinental: le gazoduc Medgaz qui relie l'Algérie à l'Espagne à partir de Beni Saf jusqu'au port d'Almeria par voie sous-marine, ainsi que le gazoduc Galsi qui relie, via la Sardaigne, l'Algérie et l'Italie. Ils sont dotés chacun par la pose de lignes de communication en fibre optique et de câbles afin de pouvoir transporter de l'électricité produite en Algérie et qui est destinée à alimenter et à approvisionner le marché européen. Ce qui induira aussi des retombées socio-économiques importantes dans les pays de transit. Les pays du Sahel notamment, qui doivent en tirer bénéfice sur le plan de la création d'emplois et améliorer la qualité de vie de leur population. Une opportunité qui doit contribuer à davantage de stabilité dans une région minée par la contrebande, le terrorisme, le trafic en tous genres. Sur le plan diplomatique cela se traduit par une victoire éclatante de l'Algérie sur le Maroc. Son roi Mohammed VI a tenté en vain de le détourner. Il avait conclu en décembre 2006 avec le gouvernement du Nigeria une étude de faisabilité pour raccorder les deux pays en gaz à travers le gazoduc West African Das Pipeline qui relie le Nigeria au Bénin, au Togo et au Ghana. Sans succès. Le transsaharien lui est passé dessus et renforce le leadership de l'Algérie dans le secteur de l'énergie au niveau africain. Ses réserves prouvées de gaz naturel s'élèvent à près de 2.400 milliards de m3. Elle fournissait environ 11% du gaz consommé en Europe avant la guerre en Ukraine, contre 47% pour la Russie et occupe le 7ème rang mondial. Incontournable Algérie!