Au Yémen, la guerre semble être une fatalité. En vigueur depuis à peine six mois, la trêve conclue laborieusement par le gouvernement yéménite et les rebelles Houthis, sous l'égide de l'ONU, a pris fin dimanche soir, au grand regret de l'émissaire de l'ONU, Hans Grundberg, qui déplore l'échec et insiste sur le fait qu'une prolongation et une extension de la trêve, dans un pays dévasté par la guerre, «auraient apporté davantage de bienfaits significatifs à la population». Entré en vigueur le 2 avril, un cessez-le-feu de deux mois a été renouvelé à deux reprises, apportant une accalmie certaine aux millions de Yéménites dont le pays traverse l'une des pires crises humanitaires au monde, affirment les institutions onusiennes. Le bras de fer entre les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, et le gouvernement qu'appuie une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite depuis 2015 est synonyme d'un désastre pour un Yémen, meurtri et disloqué à la grande satisfaction des parties étrangères qui y déversent leur armement. Néanmoins, le diplomate suédois ne perd pas espoir et exhorte les belligérants à garder leur calme en «toute provocation ou action pouvant mener à une escalade de la violence». Il faut dire que la situation reste continuellement instable, puisqu'il suffit d'une étincelle pour que la violence reprenne avec les conséquences qu'on imagine pour une population déjà cruellement éprouvée. Durant le fragile cessez-le-feu qui a nourri une relative espérance d'une paix recouvrée, toute une série de mesures humanitaires étaient prévues par l'accord mais certaines n'ont pas été respectées, les deux parties au conflit s'accusant mutuellement de bafouer leurs engagements. Dans un tel contexte, la réouverture partielle de l'aéroport de Sanaa, la capitale du Yémen sous domination des Houtis, aura été sans conteste l'avancée la plus remarquable dans la mesure où elle a permis pendant les six mois écoulés un acheminement plus fluide des marchandises, des carburants et surtout de l'aide humanitaire dont dépendent 20 millions de Yéménites sur les 30 que compte le pays. Ravagé par les conséquences néfastes de la guerre depuis 2014, le Yémen guettait avec la peur au ventre la reconduction de la trêve pour deux autres mois, de sorte que l'annonce par l'ONU de son non-renouvellement fait planer sur les populations en situation d'extrême précarité une dramatique incertitude. Les Houthis n'ont pas attendu d'ailleurs pour brandir la menace de la reprise des attaques, notamment au moyen de drones, contre les pays membres de la coalition militaire que conduit l'Arabie saoudite. Selon l'émissaire onusien Hans Grundberg, une proposition de prolongation de la trêve durant six mois a été adressée aux deux parties, compte tenu de «nouveaux éléments», et si le gouvernement yéménite y a répondu favorablement, les Houthis, eux, l'ont rejetée au motif qu'elle ne répondait pas «aux aspirations du peuple yéménite.«Et d'affirmer qu'ils «ne resteront pas les bras croisés si l'agression et le blocus se poursuivent», laissant entrevoir la reprise des attaques contre les «aéroports, ports et compagnies pétrolières des pays ennemis», comme ce fut souvent le cas avant la trêve, à coups de missiles et de drones visant les installations saoudiennes et émiraties. Ces jours derniers, les Houthis ont renforcé leur position autour du verrou stratégique de Marib tandis que les forces de la coalition disent se préparer à une attaque éventuelle, comme celle qui a touché des installations du géant pétrolier Aramco, en Arabie saoudite.