Le Centre international de conférences Abdelatif Rahal était, ce week-end, au rendez-vous des premiers travaux préparatifs au Sommet arabe qui devra s'ouvrir dans trois jours. Une ambiance particulière régnait dans l'immense complexe, dont les salles ont accueilli une multitude de rencontres au niveau des délégués permanents et des experts des Conseils économiques et sociaux arabes (Cesa) de tous les pays participants à la rencontre historique du 1er Novembre. La rencontre des Conseils économiques et sociaux au rang ministériel ont apporté la dimension essentielle qui a manqué dans les déclarations passées concernant le Sommet d'Alger. En fait de déclarations, l'on a eu droit à une explicitation détaillée de ce que sera le rendez-vous des chefs d'Etat arabes. Une armada de hauts fonctionnaires a planché sur d'innombrables questionnements que se posent au quotidien les citoyens et les opérateurs économiques arabes. Pourquoi les échanges interarabes sont ridiculement bas, ramenés à la capacité de chaque marché, malgré l'existence d'une Grande zone arabe de libre-échange (Gzale)? Les réponses, sous forme de clauses ont été proposées par la réunion ministérielle des Cesa. Pas moins de 24 points ont fait l'objet d'un consensus entre les ministres. Un travail colossal a été abattu, admettent les participants aux travaux du Cesa, même si les conclusions n'ont pas tiré du néant. Elles ont fait l'objet auparavant d'examens par des spécialistes dans le cadre des Conseils économiques et sociaux arabes qui s'étaient déjà réunis, il y a de cela plusieurs semaines. Il y a lieu de retenir, à ce propos, que les préparatifs du Sommet d'Alger ont été intenses dès l'annonce de sa date. Cela démontre le sérieux avec lequel cette rencontre historique a été édifiée, pierre par pierre, en usant d'une grande précision dans l'approche de chaque dossier. La dimension politique a, certes, volé la vedette aux autres aspects, à travers la réconciliation inter-palestinienne acté le 16 octobre dernier, il n'en reste pas moins que le Centre international des conférences a été le théâtre, hier, d'un retour en force de questions toutes aussi urgentes pour la nation arabe. Les ministres qui ont débattu d'union douanière, d'intégration économique, d'échanges commerciaux ont donné de la Ligue des Etats arabes, l'image d'une organisation transnationale comme il en existe beaucoup de par le monde. La question palestinienne demeurera l'alpha et l'omega de l'existence même de l'organisation panarabe, mais celle-ci se doit de se construire un cadre de coopération pérenne, en ces temps où n'importe quel pays ne vaut que par la taille de l'ensemble économique auquel il appartient. Il va de soi aussi que les grands chamboulements géopolitiques de ces derniers mois augurent d'un nouvel ordre mondial, dont il va falloir en prendre le train sous peine d'une sanction historique. On aura bien senti cette prise de conscience dans les déclarations des uns et des autres, notamment dans celles du ministre du Commerce, Kamel Rezig ou encore de diplomates, à leur tête, le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Ahmed Aboul Gheit. Le premier homme de l'organisation qui sait parfaitement l'ampleur des clivages, mais également le formidable potentiel d'une organisation qui peut aisément figurer sur la short-liste des plus nanties, a plaidé en faveur d'une vision arabe intégrée. C'est, à l'entendre, une condition sine qua non pour relever les défis de la sécurité alimentaire dans la région. Et c'est justement, l'une des questions centrales que vit l'humanité, ces derniers mois. Aboul Gheit qui a ouvert le Cesa au niveau de la réunion ministérielle a choisi de dire que «les indicateurs de sécurité alimentaire dans les pays arabes ont reculé de façon inquiétante non seulement à cause de la pandémie et de ses répercussions, mais aussi en raison de plusieurs facteurs et l'accumulation de nombreux problèmes». Il a pointé la sécheresse, le recul permanent du quota en eau du citoyen arabe, la croissance démographique et le manque d'investissement agricole. Toutes ces tares peuvent se soigner par la dynamisation de l'ensemble régional. C'est une nécessité pour la survie de toutes les sociétés arabes. Leurs Etats ont tous les moyens pour donner une visibilité à leurs peuples. Mais encore faut-il le vouloir vraiment. Cela passe par une posture d'unité sur les questions de fond. La Palestine en est la première. Mais il n'y a pas de raisons que les deux combats, politique et pour le développement ne se mènent pas en même temps.