Le quotidien Echourouk a organisé hier un sit-in à la Maison de la presse Abdelkader Safir. La première manifestation algérienne de solidarité avec le peuple libanais a eu lieu hier à la Maison de la presse Abdelkader Safir, à Kouba. Elle a réuni les représentants de partis politiques (FLN, MSP, Islah avec ses deux ailes, le PT, etc.), la société civile ainsi que certaines personnalités publiques. Banderoles, grand drapeau noir en signe de deuil et projections de photos de l'agression israélienne contre le Liban sur écran géant ; les responsables d'Echourouk ont voulu donner à la manifestation son caractère solennel. Les représentants de la classe politique et de la société civile ont pris la parole, à tour de rôle, pour dénoncer «la politique de deux poids, deux mesures». Un intervenant du FLN a relevé que l'Etat d'Israël a été créé «sur la base d'une légitimité internationale pour transgresser cette légitimité en toute impunité». Un autre intervenant d'un autre parti dénonce «l'hypocrisie» de la communauté internationale. «Il y a non-assistance à un pays en danger», dira un autre. Le représentant du PT appelle à une marche populaire à Alger. «Et le plus tôt possible serait le mieux», souligne-t-il. Selon Djelloul Djoudi, cette marche peut regrouper et la classe politique et la société civile, car «on ne doit faire aucune distinction partisane parce que le peuple libanais, qui subit l'agression, a besoin d'entendre nos voix pour qu'il sache qu'il n'est pas seul dans cette tragédie imposée par les puissances de ce monde». Abdelhamid Si Afif du FLN confie que l'idée sera étudiée par la direction du parti qui devrait logiquement adhérer à l'initiative, sans aucune arrière-pensée. Lakhdar Benkhelaf d'El-Islah adhère également à cette démarche. Il compte en faire part à son parti pour l'amener à y participer. Les dénonciations de l'agression du Liban et de Ghaza ont fait l'unanimité chez les intervenants. Mais la rencontre est en-deçà de ce qui est espéré. Rappelons que, lors de la première guerre du Golfe, la rue algérienne a connu des manifestations non-stop pendant toute la durée de l'agression. Mais depuis la loi de décembre 1990, la rue n'a plus le droit de bouger sans autorisation préalable. Elle s'est timidement manifestée lors de l'occupation de l'Irak par les Américains et de l'agression israélienne contre Ghaza, dans une salle à huis clos. Les bombardements du Liban durent depuis une semaine, sans que l'opinion publique nationale ne se manifeste d'une manière tranchée. Il faut dire que les manifestations, qu'on avait l'habitude de voir en pareille circonstance, n'ont pas été massives dans le monde arabe, d'une manière générale. Le sentiment arabe est plutôt partagé entre la rage et le dépit, en raison des tergiversations des chefs. Les marches dans les rues ne suffisent plus face à un tel déni du droit international.