La Journée internationale des personnes handicapées, a été célébrée le 3 décembre dernier, avec un goût plutôt amer. «Le nombre de handicapés augmente chaque année», et leur souffrance tout autant, soulignent des acteurs associatifs, lors des diverses activités organisées, un peu partout à travers le territoire de la wilaya de Bouira. Les services de l'action sociale de Bouira font état de plus de 25 mille personnes handicapées recensées, dont 5 412 sont à 100% invalides. Le directeur de l'action sociale estime que les pouvoirs publics fournissent des efforts considérables à l'égard de cette catégorie vulnérable, mettant en exergue l'allocation de 10 mille dinars accordée aux handicapés dont l'incapacité est évaluée à 100%, en plus des avantages sociaux, tels que les aides en outils et matériels spécialisés, la prise en charge de leur enseignement dans des établissements spécialisés, des réductions de tarifs ou parfois la gratuité pour le transport etc. Il faut savoir que pas moins de vingt mille sujets à mobilité réduite n'entrent pas dans cette catégorie. Ils détiennent une carte d'invalide qui leur sert à bénéficier des droits particuliers. «Ils peuvent aussi bénéficier de la prime de handicapés gérée par les services de l'action sociale au niveau des Assemblées populaires communales», affirme-t-il. L'on apprend également que la direction de l'action sociale de Bouira a mis en place sept institutions spécialisées dédiées à cette catégorie particulière et pas moins de 874 enfants dont 316 filles, y sont actuellement pris en charge. Approché par L'Expression, des parents de handicapés évoquent «beaucoup de soucis et de difficultés avec nos enfants», comme le confirme une dame sexagénaire, maman d'un handicapé de 14 ans. «L'achat des couches, nous coûtent les yeux de la tête», précise-t-elle. Les handicapés eux-mêmes reviennent, notamment sur les difficultés financières, l'absence de passages appropriés à leur handicap au niveau de beaucoup d'institutions (administration, écoles, magasins, bibliothèques etc. «Le réflexe de faire attention à cette catégorie particulière n'est pas souvent manifesté», fait remarquer Saïd, un acteur associatif, en ajoutant «pourquoi ne pas aider ces personnes dont le handicap n'est pas très contraignant? Il suffit de leur trouver un poste d'emploi et elles ne seront plus un fardeau pour la société», s'interroge-t-il. Justement à propos de travail, ce sont les non-voyants qui ont exprimé leur ras-le-bol, notamment ceux qui étaient auparavant employés dans certaines entreprises, telles que l'ex- usine de fabrication des balais, mais qui ont été libérés suite à la fermeture de celle-ci. Les associations des handicapés en général souhaiteraient la promulgation d'un droit juridique qui permettrait une insertion professionnelle plus facile à ces ayants droit particuliers. Toujours comme souci des associations et des familles de handicapés, notamment du coté de la daïra de M'Chedallah, la population déplore le cas de ce centre psycho-pédagogique aux travaux achevés à plus de 80%, mais à l'arrêt depuis plus de 4 ans. «Sincèrement on ne voit aucune raison valable pour ne pas ouvrir ce centre, nous, parents des handicapés, nos enfants dépérissent sous nos yeux, faites quelque chose s'il vous plaît», lance le parent d'un autiste avec beaucoup de chagrin. En effet, nous étions sur les lieux et on nous a fait visiter le centre où nous avons constaté qu'il est presque fini, «s' il reste encore fermé pendant quelque mois, il risque de se dégrader», affirme un cadre du secteur du bâtiment, aussi parent d'un handicapé. Pour sa part, le président de l'association des ayants droit particuliers (des handicapés moteurs) de M'Chedallah, Med Saïd Terrache, lance un SOS aux autorités compétentes; «Les travaux ont été lancés en 2015 et les délais de réalisation étaient fixés à 18 mois au maximum, ce centre devait être fin prêt en fin de l'année 2017», précise-t-il. Le même président associatif rappelle que les parents de ces pauvres enfants (handicapés mentaux) ont frappé à toutes les portes, à ce jour aucune suite ni même explication n'ont été données et les enfants de 13 et 14 ans qui s'impatientaient en 2015 à rejoindre ce centre, n'auront malheureusement pas la chance d'y accéder, ils ont actuellement plus de 18 ans. Enfin, les catégories des ayants droit particuliers pour tous handicaps confondus, méritent une vie intègre. Etant des cas sociaux, tout le monde est interpellé, pas seulement les services publics, mais aussi le mouvement associatif et l'ensemble de la population.