Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont annoncé, hier, l'arrestation de douze personnes accusées d'appartenir à un «groupe de saboteurs» ayant des liens avec des pays européens. «Les membres de ce réseau, sous la conduite d'agents contre-révolutionnaires vivant en Allemagne et aux Pays-Bas, ont tenté de se procurer des armes et avaient l'intention (...) de mener des activités contre la sécurité nationale», ont indiqué les Gardiens de la Révolution de la province de Markazi (centre) dans un communiqué cité par l'agence Tasnim. «Ils ont été capturés» et leur «projet d'émeutes a échoué», ont-ils ajouté, sans préciser le lieu et la date des arrestations. Les Gardiens de la Révolution ont en outre mis en garde contre d'autres «actions terroristes». L'Iran est le théâtre de manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique prévoyant notamment le port du voile pour les femmes. Les autorités, qui dénoncent des émeutes», accusent régulièrement les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux ainsi que des groupes kurdes basés à l'étranger, d'être les instigateurs de ce mouvement de protestation sans précédent. Plus de 300 personnes ont été tuées dans les troubles, dont des dizaines de membres des forces de sécurité, a déclaré la semaine dernière un général des Gardiens de la Révolution. Par ailleurs, le directeur adjoint de l'agence de presse iranienne Fars, proche des autorités, a été arrêté, a annoncé lundi soir la radiotélévision publique IRIB. «Le chef adjoint de l'agence de presse Fars News, Abbas Darvish Tavanger, a été arrêté pour avoir falsifié des nouvelles», a-t-elle indiqué. Selon IRIB, «il est toujours en détention afin que nous puissions connaître les raisons pour lesquelles il truquait les nouvelles et créait de faux bulletins d'informations». Il s'agit de bulletins confidentiels distribués à certains abonnés. Le 26 novembre, Fars avait indiqué sur sa chaîne Telegram que «l'accès des utilisateurs» à son site «avait été perturbé» après «une complexe opération de piratage et de cyberattaque». Un groupe se faisant appeler «Black Reward» a revendiqué la cyberattaque, disant avoir eu accès à des dizaines de documents confidentiels. Cette arrestation survient alors que l'Iran est le théâtre d'un mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini. Des centaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité, ont été tuées depuis le début de la contestation. Des milliers de personnes dont des journalistes, des acteurs et des avocats ont d'autre part été interpellées lors des manifestations, qualifiées généralement d'«émeutes» par les autorités. Dimanche, les autorités iraniennes ont annoncé la dissolution de la police des moeurs dans un geste d'apaisement à l'adresse des manifestants.