L'Autorité nationale de protection des données personnelles (l'Anpdp) vient de lancer son site électronique www.anpdp.dz. L'occasion justement de revenir sur le rôle et les missions de cette autorité administrative indépendante, et de solliciter l'avis des experts du domaine, autour de la question de l'importance de la mise en place de cette plate-forme et de la nécessité impérieuse de défendre les données personnelles des internautes algériens. «Le lancement du site de l'Anpdp est un très très grand pas vers la jurisprudence et de la mise en conformité des entreprises algériennes vis-à-vis des données personnelles contre leurs utilisations frauduleuses», décrypte Karim Khelouiati, expert dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication. «Maintenant, nous savons et nous sommes soulagés en tant qu'experts, du fait qu'il y a une autorité qui veillera au grain et qui prendra en compte ce volet très sensible», a-t-il souligné. Plus explicite, Karim Khelouiati dira que «l'Anpdp sera un garde-fou contre toute dérives qui résultent de la manipulation et de la revente illicites des données des Algériens que cela soit par les entreprises algériennes soit étrangères». Cela avant d'ajouter qu'«il était vraiment temps, du fait de l'existence des formulaires qui sont à longueur de journée remplis sur des sites Web algériens, qui se vendent très chers». L'expert relève un point qui mérite plus d'attention de la part des internautes et des organismes; la digitalisation doit se faire à travers le respect de certaines règles du jeu, consacrées par la Constitution, en l'occurrence le droit à la vie privée et le droit de la personne physique à la protection de ses données. Il y a la loi N°18-07 ayant pour objet de fixer les règles de protection des personnes physiques, dans le traitement des données à caractère personnel, qui doit se faire dans le cadre du respect de la dignité humaine, de la vie privée, des libertés publiques et ne doit pas porter atteinte aux droits des personnes, à leur honneur et à leur réputation. Les internautes sont ainsi appelés à consulter le site en question pour connaître leurs droits, à savoir, le droit à l'information (la connaissance, du responsable de la collecte et du traitement de leurs données), le droit d'accès, de rectification et d'opposition. En parallèle, «les organismes sont également appelés à prendre connaissance du contenu du site, en termes d'informations, et ce pour avoir une idée sur la teneur de la loi en la matière, dans la perspective d'élaborer la conformité du traitement, par ces organismes, des données à caractère personnel (numéro d'identification national, date de naissance, données génétiques, données biométriques et autres)», comme précisé par le président de l'Anpdp, Lotfi Boudjemaâ. La raison? La protection des personnes dans le traitement des données à caractère personnel est un droit fondamental, et la loi punit toute violation de ces droits. La date d'application de la loi est prévue à compter du mois d'août 2023. C'est l'ultimatum donné aux organismes afin de se conformer à la réglementation. Il faut savoir aussi que toute réclamation de violation des droits sera prise en compte, étant donné que l'Anpdp a la mission de prononcer des sanctions administratives, dans les conditions définies par l'article 46 de ladite loi. D'ici là, la première étape allant jusqu'au mois d'août prochain, «vise à sensibiliser et informer les personnes concernées et les responsables du traitement des données, de leurs droits et obligations, en prenant connaissance du contenu de la loi relative à la protection des personnes physiques en matière des données à caractère personnel, qui définit les droits et les sanctions prévues en cas d'atteinte à ces informations», comme expliqué par le président de l'Autorité.