L'acharnement du Maroc à vouloir déstabiliser l'Algérie, la fixation qu'il fait sur la question du Sahara occidental et la normalisation avec Israël, avec en prime des accords militaires, poursuivent un seul et unique objectif: sauver ce qui peut l'être d'un régime moribond. L'Etat marocain est en effet géré comme un vaste bazar où tout se monnaye. N'adoptant des postures diplomatiques que pour la vitrine, le Makhzen est en réalité une grosse machine de corruption à grande échelle. Les récents scandales des eurodéputés et du présentateur de BFM TV illustrent l'ampleur de la mécanique corruptrice qui semble n'avoir pas de limite. Il n'est pas impossible d'apprendre un jour ou l'autre qu'un grand dignitaire européen ait touché des sommes faramineuses pour appuyer une décision en faveur du Maroc. Le Makhzen élève de basses pratiques d'espionnage en actions stratégiques sur lesquelles il n'hésite pas de faire reposer sa politique sur le long terme. L'opération d'espionnage du roi Hassan II au profit d'Israël à la veille de la guerre de 1967 est un exemple parfait d'une tendance à la traîtrise avec le seul but de sauver un trône. Et puisque cette politique semble garantir la pérennité du régime, Mohammed VI en a également fait son principal outil de gouvernance. L'affaire Pegasus et avant cela, d'innombrables autres petits scandales qui ont fait ressortir l'allégeance de Rabat à Tel-Aviv, ont mis à nu un mode de fonctionnement qui s'apparente à des méthodes maffieuses, dont les dirigeants de ce pays en ont fait leur spécialité. L'autre spécificité du Maroc tient dans le trafic de drogue. Pratiqué à très large échelle, jusqu'à faire de ce pays le premier producteur mondial, n'est pas sans effet sur les plus hautes sphères du pouvoir à Rabat qui ne peuvent pas s'en désolidariser. Si ce fléau ne revient jamais dans les débats politiques dans ce pays, c'est principalement parce que l'activité a été «normalisée», générant 20% des recettes du royaume, employant des centaines de milliers de Marocains et organisant un immense réseau d'agents infiltrés dans toutes les institutions des pays européens. Faut-il rappeler que l'économie de la drogue rapporte plus de 10 milliards de dollars à des barons locaux. Cet argent est blanchi dans le pays avant d'être investi en Europe. Les Marocains n'en profitent même pas. L'Etat repose donc sur l'espionnage, la corruption et le trafic de drogue. C'est le même mode de fonctionnement du Panama de Noriega. Un peuple ne peut soutenir pareil régime, à moins que ce dernier ne crée de toutes pièces, une sorte de «cause sacrée» et un ennemi éternel. Le Makhzen fait vivre le peuple dans l'illusion d'un «Sahara marocain à reconquérir» et d'un voisin qu'il diabolise dans ses médias. Dans le même temps, les élites, le roi en tête, s'enrichissent effrontément.