La diplomatie italienne est toutes voiles dehors, depuis quelques jours, pour convaincre de la nécessité de secourir au plus vite la Tunisie, faute de quoi, a averti la présidente du Conseil Georgia Meloni, l'Europe (et l'Italie en premier lieu) risquent de voir la déferlante des migrants balayer les côtes européennes. Illustration ultime de ce branle-bas de combat, un échange téléphonique, mardi soir, a eu lieu entre le vice-Premier ministre et ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, avec le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken. Dans le communiqué du MAE italien qui en a résulté, on apprend que les deux hommes ont abordé la situation économique et sociale en Tunisie qualifiée à Rome de «crise» pour laquelle une collaboration italo-américaine est requise afin d'apporter à la Tunisie un soutien économique rapide et efficace. «Nous devons agir ensemble afin que les principales institutions financières internationales puissent intervenir pour soutenir la Tunisie qui, à son tour, devra nécessairement s'engager sur la voie de réformes durables et efficaces», a ainsi plaidé Antonio Tajani qui a souligné le rôle «central» de la Tunisie en matière de sécurité et de stabilité en Méditerranée. Avec ce plaidoyer pour une conjugaison des efforts entre pays de l' Union européenne et les Etats-Unis, l'Italie cherche clairement à accélérer la réponse du Fonds monétaire international (FMI) à la demande tunisienne de prêt reportée en décembre dernier pour le mois courant, sans aucun signe de la part de l'institution. Lors d'une audition devant le Sénat américain, une semaine plus tôt, Antony Blinken a dit sa «préoccupation» face au contexte économique tunisien dont il a considéré qu'il est «au bord de l'effondrement» et pour lequel il s'est dit favorable à encourager une réponse propice du FMI. Le secrétaire d'Etat américain a souvent appelé au soutien des «aspirations du peuple tunisien à un gouvernement démocratique et responsable», laissant entrevoir les paramètres d'une politique discrète en faveur d'une normalisation avec l'entité sioniste. Les appréhensions de Rome sur une situation de plus en plus préoccupante, si l'on en juge par la multiplication des bateaux de migrants subsahariens qui tentent la traversée de la Méditerranée, faisant de la Tunisie la nouvelle zone de passage avant la Libye voisine, ont également été formulées lundi dernier par le Commissaire européen chargé de l'économie, Paolo Gentiloni, en visite à Tunis. Il a indiqué que la Commission pourrait envisager une aide macro-financière supplémentaire aussitôt que le FMI aura consenti un nouveau programme de décaissement, ajoutant qu'il «est primordial» de le faire au plus vite dès lors qu'il «existe de nombreux intérêts communs entre l'UE et la Tunisie, par exemple la gestion des flux migratoires vers l'Europe»...et l'Italie.