Conduit par la première femme nommée Premier ministre en Italie, le nouveau gouvernement d'extrême droite a prêté serment hier matin devant le chef de l'Etat, Sergio Mattarella. Quant à la passation de pouvoir entre le Premier ministre sortant, Mario Draghi, et Giorgia Meloni, elle se déroule aujourd'hui et doit être suivie par le premier conseil des ministres que doit présider la cheffe du parti Fratelli d'Italia. Sa formation a remporté une victoire historique aux législatives du 25 septembre, propulsant l'ancienne ministre des gouvernements Berlusconi au premier rang de la vie politique italienne. Ancrée dans le sillage du fascisme tel que dicté par Benito Mussolini, elle est parvenue à dédiaboliser le discours extrémiste et à pousser sa formation au pouvoir, avec des alliés relativement encombrants comme le populiste de la Ligue anti-immigration Matteo Salvini et le turbulent leader de la droite radicale Silvio Berlusconi. Les deux alliés, l'un avec sa Ligue et l'autre avec Forza Italia, lui assurent une majorité absolue aussi bien à la Chambre des députés qu'au Sénat mais les positions sont loin d'être acquises. Berlusconi vient encore d'agiter la Toile en réaffirmant que la guerre en Ukraine et ses conséquences néfastes pour l'Union européenne ne sont pas dues à Vladimir Poutine mais au rôle inconséquent de Zelensky. Avec le tollé qu'on imagine, la veille de l'annonce du nouveau gouvernement. Celui-ci comprend 24 ministres dont 6 femmes et s'efforce de rassurer l'ensemble des partenaires européens qui ont multiplié les déclarations de méfiance et d'inquiétude envers Mme Meloni, qualifiée de chef de gouvernement le plus à droite et le plus eurosceptique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais les gages donnés par Giorgia Meloni sont forts puisqu'elle a placé à la tête de la diplomatie l'ancien président du Parlement européen Antonio Tajani, un dirigeant de Forza Italia, tandis qu'un proche de Mario Draghi, Giancarlo Giorgetti, un modéré de la Ligue, hérite du lourd dossier de l'Economie. Salvini se voit confier les Infrastructures et Transports, avec le rang de vice-Premier ministre comme Tajani. Signes selon lesquels la gestion ne va pas être une partie de plaisir pour la 3e économie de l'UE tant Salvini comme Berlusconi ont du mal à digérer l'autorité de Giorgia Meloni, dont Fratelli d'Italia a gagné les élections avec 26% des suffrages contre 8% pour Forza Italia et 9% pour la Ligue. Après les passes d'armes sur la composition du gouvernement entre les trois chefs de file, va s'imposer la divergence de vues sur des dossiers autrement plus sensibles. S'agissant de la coopération entre l'Italie et l'Algérie, Giorgia Meloni a souvent insisté sur la place centrale de notre pays dans la géostratégie de la région méditerranéenne et nord-africaine ainsi que sur la relation dense et mutuellement bénéfique des échanges entre nos deux pays. Elle s'inscrit donc dans une continuité forte et assurée pour garder au lien tissé par Enrico Mattei entre Rome et Alger, durant la guerre de Libération nationale, sa dimension pérenne. En outre, Mme Meloni a récemment appelé à soutenir fermement la Tunisie dans la crise qu'elle traverse et elle partage la démarche de la diplomatie algérienne pour une Libye stable et souveraine. En somme, si elle doit affronter de nombreux défis internes et extérieurs au plan économique, elle s'inscrit sur une ligne rigoureusement traditionnelle au plan diplomatique.