L'Opep+ ne supportera pas un niveau du prix du baril bas. Elle est prête à défendre becs et ongles un coût juste qui doit satisfaire les pays producteurs et consommateurs. L'Opep+ fera tout pour «défendre un prix plancher bien supérieur à 80 dollars le baril», a écrit dans une note Jorge Leon, de Rystad Energy, sans se soucier des critiques des Etats-Unis et autres pays consommateurs, inquiets de l'inflation galopante. Les cours du brut sont en effet tombés en mars au plus bas en deux ans. «Un niveau inacceptable pour les membres de l'Opep+», a indiqué Ibrahim al-Ghitani, expert du marché pétrolier, basé aux Emirats. Le tout récent plongeon des cours de l'or noir a donc provoqué le déclic et renforcé cette position immuable. Le Brent de la mer du Nord avait frôlé la barre symbolique des 70 dollars le 20 mars dernier, faisant craindre le pire tout en réveillant de sombres souvenirs. La référence européenne avait chuté à 16 dollars en avril 2020 alors que le pétrole américain avait établi un triste record historique en s'aventurant en territoire négatif. À moins 37 dollars le baril. Le rebond n'a pu se réaliser que grâce à la diminution de la production de près de 10 millions de barils par jour décidée par l'Opep et ses 10 partenaires dont la Russie. Une dynamique que l'Opep+ entend entretenir à chaque fois que le danger pointe le bout de son nez. Cela a été le cas la veille de la 48ème réunion par visioconférence du Comité ministériel conjoint de suivi (Jmmc), tenue le 3 avril. Des coupes surprises avaient été annoncées. L'Irak, l'Algérie, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman, le Kazakhstan, le Koweït et le Gabon vont donc procéder à partir du mois prochain à d'importantes réductions, et ce jusqu'à fin 2023. Elles oscillent de 500.000 barils par jour (bpj) pour Riyadh à 8.000 bpj pour Libreville. Moscou a pour sa part prolongé sa mesure de réduction de 500.000 bpj jusqu'à fin 2023. L'Algérie s'est prononcée pour 48.000 barils par jour. Le ministre de l'Energie et des Mines apporte quelques éclairages à ce propos et justifie cette décision inattendue. «Malgré des signaux positifs en provenance de Chine, les conditions du marché appellent à la prudence. Les incertitudes autour de la croissance économique mondiale pourraient conduire à un ralentissement de la demande de pétrole. Le marché pétrolier est largement approvisionné alors que les stocks commerciaux sont revenus à leur plus haut niveau depuis deux ans», a déclaré Mohamed Arkab à l'issue des travaux de la 48ème réunion du Comité ministériel conjoint de suivi (Jmmc) de l'Opep. Dévoilant tous les facteurs qui ont conduit à cette «diminution surprise» de l'offre de l'Opep+. «Certains pays membres de l'Opep et non membres de l'Opep ont décidé, de manière préventive et afin d'assurer la stabilité du marché pétrolier, de procéder à une réduction volontaire de leur production» a souligné le successeur de Abdelmadjid Attar. ces équilibres étaient nécessaires, cette diminution de la production a permis de revenir à des prix acceptables pour les pays exportateurs de pétrole, a fait remarquer Mustapha Mékidèche, expert international en énergie. Les prix du pétrole se sont effectivement envolés au lendemain de l'annonce choc, par des membres de l'Opep, d'une réduction drastique dès le mois prochain de leur production. «En général, ils envoient un ou deux ballons d'essais avant la réunion, pour tester la réaction des opérateur, mais cette fois, ça a été la gifle» a fait remarquer Andrew Lebow, de Commidity Research Group. Le baril de Brent de la mer du Nord et son équivalent américain, le West Texas Intermediate qui ont gagné respectivement 6,30% et 6,27% ont accentué leurs gains. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 85,75 dollars hier à 14h00. Soit 0,82 dollars de plus que la veille alors que le baril de pétrole américain (Wti) pour livraison en mai se bonifiait de 88 cents à 81,30 dollars. La plus grosse progression a été enregistré par le Sahara Blend, pétrole algérien qui a engrangé 5,98 dollars pour afficher 84,85 dollars. Rassurant pour le pays...