Le gouvernement et les rebelles du Yémen ont libéré un nouveau groupe de détenus, hier, dont une femme, au dernier jour d'un vaste échange de prisonniers, sur fond de pourparlers visant à mettre fin à plus de huit ans de guerre. Cinq avions transportant près de 200 prisonniers des deux camps ont fait la liaison entre la capitale Sanaa, aux mains des insurgés depuis 2014, et Marib, dernier bastion du pouvoir dans le nord du pays. Cela porte à 869 le nombre de prisonniers libérés sur trois jours dans le cadre d'un accord conclu en mars en Suisse entre le gouvernement, soutenu par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, et les rebelles Houthis, proches de l'Iran, selon le Comité international de la Croix- Rouge (CICR). Parmi eux, une seule femme, Samira March, arrêtée il y a cinq ans par les forces loyalistes et accusée d'avoir organisé des attaques à l'explosif ayant fait des dizaines de morts, a affirmé sous couvert d'anonymat un responsable gouvernemental. « Elle a été relâchée en échange de la libération de journalistes détenus par les Houthis», a affirmé Majid Fadael, porte-parole de la délégation gouvernementale chargée de négocier l'échange. À l'aéroport de Marib, les ex-détenus sont montés à bord des appareils du CICR, certains en chaise roulante, chargés de sacs de provisions pour la rupture du jeûne de Ramadhan, tandis qu'à Sanaa, des combattants Houthis ont fait une danse traditionnelle pour accueillir leurs camarades. L'opération a débuté vendredi avec la libération de 318 prisonniers, dont l'ancien ministre de la Défense et le frère de l'ancien président du Yémen. Samedi, près de 350 rebelles sont rentrés à Sanaa en provenance d'Arabie saoudite et de la ville yéménite de Mokha, tandis que 16 Saoudiens et trois Soudanais, des ressortissants de pays membres de la coalition, étaient arrivés à Riyadh, la capitale saoudienne. « Ces trois derniers jours ont redonné de la joie à de nombreuses familles déchirées par le conflit. Nous espérons que d'autres libérations auront lieu dans un avenir proche», a déclaré Jessica Moussan, chargée des relations avec les médias du CICR. Cet échange, le plus important depuis la libération de plus de 1 000 prisonniers en octobre 2020, s'inscrit dans un contexte d'espoirs de paix grandissants dans ce conflit qui a plongé le pays dans l'une des pires crises humanitaires au monde. La guerre au Yémen a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, selon l'ONU, dans un contexte d'épidémies, de manque d'eau potable et de faim aiguë. Une trêve de six mois négociée par l'ONU n'a pas été renouvelée à son expiration en octobre, mais la situation est restée calme sur le terrain, offrant un répit à la population. La semaine dernière, une délégation saoudienne, accompagnée de médiateurs omanais, s'était rendue à Sanaa pour des pourparlers visant à relancer la trêve et à jeter les bases d'un cessez-le-feu plus durable. Les discussions ont été «positives» et de nouveaux pourparlers sont prévus après l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne musulman dans quelques jours, a affirmé samedi le président du conseil politique des rebelles Houthis, Mahdi al-Mashat. Le ministère saoudien des Affaires étrangères avait déclaré plus tôt que les discussions «se poursuivront dans les plus brefs délais afin de parvenir à une solution politique globale». Les espoirs d'une paix dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, ont été ravivés par le rapprochement inattendu entre l'Arabie saoudite et l'Iran, qui ont annoncé en mars leur intention de rétablir leurs relations diplomatiques après sept ans de rupture.