LE TON est équilibré, l'homme à la barbe blanche ne cède pas à l'esprit différenciateur au nom d'une spécificité culturelle. Vendredi, alors que l'offrande se déroulait au sommet du Djurdjura à Azrou N'thor, le bouche à oreille de la venue du chef du gouvernement à la zerda a eu de l'effet. Des milliers de personnes se sont passées l'information. «Savez-vous que Belkhadem devait se rendre ici à Azrou N'thor» entend-on dire. Dans sa démarche, en vue de rétablir la confiance entre les autorités et la Kabylie, M.Belkhadem se distingue par un cachet qui lui est propre en termes de communication. Il tranche avec les fastes protocolaires et les annonces en fanfare dans les médias quelques jours avant son déplacement. Pourtant, le déplacement d'un chef du gouvernement dans n'importe quelle autre région constitue déjà un évènement en soi. Et que dire lorsque c'est une visite en Kabylie. La donne Kabyle dans l'échiquier politique est particulière. Elle peut se schématiser en quelque sorte par cette équation: Dans l'opposition pour avoir raison, il faut critiquer le pouvoir. Dans le sérail, pour affirmer son courage, sa force et sa stratégie politique, il faut faire une déclaration sur la Kabylie. Quelle que soit la nature de la déclaration, elle prendra une connotation politique. Et l'approche de M.Belkhadem est tout autre. Le ton est équilibré, l'homme à la barbe blanche ne cède pas à l'esprit différenciateur au nom d'une spécificité culturelle. Sans grand bruit mais l'effet est grand. Evidemment, la Kabylie ne bénéficie pas d'un régime d'exception de la part du chef du gouvernement mais son attrait pour cette région est frappant. En moins d'une année, il a effectué cinq visites consécutives à Tizi-Ouzou. La première de ces visites a été en septembre dernier lors de la campagne électorale pour le référendum sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, une seconde a eu lieu lors de la campane pour les élections partielles, une troisième a été effectuée le 18 février 2006, à l'occasion du déroulement des élections pour les sénatoriales, une quatrième virée à Azeffoun le 19 mai à l'occasion de la Journée de l'étudiant et de la jeunesse et enfin la dernière, celle effectuée vendredi passé. Le chef du gouvernement s'est rendu à Iferhounene, une commune FLN située au pied du Djurdjura, à 70km à l'est de la wilaya de Tizi-Ouzou. Ce décompte n'est pas exhaustif car M.Belkhadem a également effectué des visites dans d'autres régions de Kabylie, notamment Béjaïa et Bouira. L'actuel chef du gouvernement marque un réel penchant pour cette région. «Au niveau du gouvernement nous sommes disponibles à mettre à votre disposition les moyens qu'il faut pour l'épanouissement de la région.» a-t-il dit vendredi à Iferhounène où il a été accompagné par le président de l'APC de cette commune et le vice-président de l'APW de Tizi Ouzou, Slimane Kerrouche. Le chef du gouvernement, qui est également secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, a parfaitement compris qu'il existe une variété de partenaires dans cette région. Et puis il a compris le rôle central de la Kabylie dans les événements politiques qui ont marqué l'Algérie. Avec un vide béant en termes d'activité politique, il est clair que les dividendes de cet intérêt du chef du gouvernement pour la Kabylie seront pour le bénéfice du FLN. Le ton du vice-président de l'APW et membre de la direction exécutive du FLN, Slimane Kerrouche est plus que sûr. «Notre objectif est de rester la première force politique du pays. En ce qui concerne la Kabylie c'est notre travail sur le terrain qui témoignera» dit-il ajoutant que c'est grâce à l'action de son parti en collaboration avec les notables de la région que des investisseurs étrangers marquent un net regain d'intérêt, ces derniers mois, pour la Kabylie. Trois grands groupes internationaux seront prochainement reçus par le wali de Tizi Ouzou, à en croire M.Kerrouche. «Un notable jaloux de sa région a tout arrangé pour que Orascom, un grand groupe français et un autre italien, se rendent ainsi à Tizi Ouzou où ils seront reçus par le wali», a indiqué le responsable du FLN. Les trois groupes étrangers investiront le domaine du bâtiment et des infrastructures qui font cruellement défaut pour cette région, stoppée net dans son élan de prospérité, amorcé vers la fin des années 80. «Notre wilaya souffre également d'un manque d'entreprises de réalisation du moment que celles qui existent ont fui la région pour diverses raisons», a déclaré M.Kerrouche. L'amorce de ce retour à l'investissement s'opère en dépit d'une situation sécuritaire qui demeure relativement floue au niveau de cette région en particulier. «Maintenant que la Kabylie est sortie du chaos, elle a ses propres représentants élus par le peuple, il appartient à ces élus de prendre également leurs responsabilités au niveau sécuritaire avec bien évidemment l'engagement des autorités compétentes», a souligné le membre de la direction du parti majoritaire.