Lorsqu'en janvier 2021, lors du procès d'Ahmed Ouyahia, plusieurs fois ministre et Premier ministre des gouvernements de'Abdelaziz Bouteflika, on introduisit le terme «corruption», durant le long interrogatoire d'Ouyahia, ce dernier, avait perdu de sa superbe pendant quelques secondes avant de répliquer à la face du trio de juges de la cour d'Alger: «Madame la présidente, il y a lieu de vous préciser respectueusement, que je ne suis pas là, traînant la dévastatrice inculpation de «corruption». Douniazed Guellati, la présidente de la composition pénale, qui connaissait la réputation de l'homme comme étant un franc-tireur sur tout ce qui bouge, appuya sur l'accélérateur pour rétorquer, lentement et sans panique: «Oh! Que oui, il y a bien eu corruption, et plus!» C'est alors que l'homme impassible, inébranlable et inflexible, que rien, ni personne, n'a pu faire plier, jusqu'à ce jour, allait s'écrouler de lui-même, faisant vaciller son principal conseil, qui, visiblement ne s'attendait guère à ce retournement de situation, entrera momentanément, dans ses petits souliers, pensant d'ores et déjà à l' «assassine» réplique- déclaration de son immense client, piégé par une rusée magistrate, qui le fera sortir de ses gongs. Ahmed Ouyahia, qui s'oubliera, en reconnaissant, haut et fort, avoir «vendu» les cadeaux des Emirs du Golfe, par des intermédiaires, sur le marché informel du Square «Port Saïd» d'Alger-Centre. Il a même précisé la nature des «cadeaux», en l'occurrence des lingots d'or! Le brouhaha soulevé à la suite de cette «mortelle» déclaration ne cessera qu'après que Guellati, la juge, eut frappé très fort sur le pupitre, en guise d'avertissement aux présents - perturbateurs! Le trio Liès Benmissiya- Douniazed Guellati et Med Sédira. Ce fut véritablement le tournant du procès du jour, et c'est peut-être là, justement, que la majorité des curieux qui venait enfin de croire qu'Ahmed Ouyahia, était imbattable et qui n'a jamais cru à ces «procès», appelés narquoisement, «parodies de procès» par toute la foule qui courrait derrière le fourgon, où se trouvait l'ex-Premier ministre, histoire de lui lancer des quolibets, sur l'air des lampions, et de le narguer, jusqu'à la limite de leurs forces, venait enfin de croire en l'emprisonnement et au jugement de ce que feu le général Ahmed Gaïd Salah, avait alors, appelé, «la bande»! Parmi les plus heureux de cette chasse, il y avait ce sacré Belgacem Zeghmati, alors ministre de la Justice, garde des Sceaux, qui devait jubiler, en ne regrettant pas le choix du président de la cour d'Alger, qui a su choisir avec brio, le trio de la composition pénale. Cette dernière venait de prouver que les jeunes magistrats étaient franchement à la hauteur des espoirs placés en eux par les responsables.