Les meurtriers du gouverneur d'un Etat du Darfour, au Soudan, «doivent rendre des comptes», a exigé le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, pointant du doigt les forces paramilitaires en guerre avec l'armée dans ce pays.»Toutes les personnes responsables de ce meurtre doivent rendre des comptes, y compris celles qui ont des responsabilités de commandement», a dit à la presse Jeremy Laurence, porte-parole de l'agence onusienne à Genève. Khamis Abdallah Abakar, gouverneur de l'Etat du Darfour-Ouest, a été tué quelques heures après avoir critiqué les paramilitaires lors d'une interview par téléphone avec une chaîne de télévision saoudienne mercredi. Le responsable des droits de l'homme à l'ONU, Volker Türk, «est consterné par ce meurtre», a affirmé M. Laurence. Le meurtre du gouverneur s'est produit «quelques heures seulement après son arrestation par les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) à El Geneina, capitale du Darfour-Ouest, où le conflit a pris une dimension ethnique», a observé M. Laurence.»Le gouverneur Abakar était détenu par les Forces de soutien rapide, et elles étaient responsables de sa sécurité», a-t-il remarqué. Le porte-parole a par ailleurs fait part de l'inquiétude du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme face à la montée des discours de haine dans la région, avertissant que «cela pourrait exacerber les tensions». L'agence onusienne a examiné des vidéos enregistrées par des membres de milices arabes se vantant de leurs «victoires» et tuant ou expulsant des membres d'autres groupes.»Nous demandons que justice soit faite et que les responsables des exécutions extrajudiciaires et de toutes les autres exactions commises au cours de ce conflit soient amenés à rendre des comptes», a déclaré M. Laurence. Les affrontements ont éclaté le 15 avril dans ce pays d'Afrique de l'Est, l'un des plus pauvres du monde, entre l'armée, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des FSR du général Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti». Les violences ont fait plus de 2.000 morts, selon le dernier bilan de l'ONG ACLED. Plus de 2,2 millions de personnes ont fui, dont plus d'un million ont quitté Khartoum, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), tandis que plus de 528.000 réfugiés sont arrivés dans les pays voisins. Les combats se sont jusqu'à présent essentiellement concentrés à Khartoum et au Darfour, une vaste région frontalière du Tchad, déjà meurtrie par une guerre civile dans les années 2000. Après deux mois de combats meurtriers, le conflit au Soudan a connu une escalade avec ce meurtre d'un gouverneur dans la région du Darfour, où les témoignages sur des violences de grande ampleur contre les civils se multiplient.»Même en imaginant le pire, nous ne pensions pas que cette guerre durerait si longtemps», a confié jeudi Mohamad al-Hassan Othman, un habitant du sud de Khartoum qui a fui.»Nous ne savons pas si nous rentrerons chez nous ou si nous devrons commencer une nouvelle vie», ajoute-t-il. Les combats se sont jusqu'à présent essentiellement concentrés à Khartoum et au Darfour, une vaste région frontalière du Tchad, déjà meurtrie par une guerre civile dans les années 2000. Le chef de l'armée a accusé jeudi les FSR d'avoir capturé et tué le gouverneur de l'Etat du Darfour-Ouest, Khamis Abdullah Abakar, après qu'il a donné un entretien par téléphone à une télévision saoudienne. Les FSR ont nié être responsables de cet «assassinat» mais selon l'ONU, «des récits convaincants de témoins attribuent cet acte aux milices arabes et aux FSR». En deux mois, aucun scénario de retour à la paix ne se dessine. A Khartoum, des quartiers entiers n'ont plus d'eau potable. L'électricité fonctionne quelques heures par semaine et la plupart des hôpitaux dans les zones de combat sont hors d'usage. Pendant plusieurs semaines, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis ont servi de médiateurs à des négociations en vue d'un cessez-le-feu. Mais les nombreuses trêves annoncées n'ont quasiment jamais été respectées, empêchant l'aide humanitaire de parvenir aux millions de civils désespérés.