Sans répit et depuis le début de ce mois de juin, les lobbys anti-algériens en France se sont déchaînés. Comme obéissant au «la» d'un chef d'orchestre clandestin, ils multiplient les salves d'attaques rivalisant en thématiques objet de contentieux entre les deux pays. L'accord de 1968, le rétablissement d'un refrain de l'Hymne national Kassamen et tout fraîchement la visite d'Etat du président Abdelmadjid Tebboune en Russie. Disparu des radars, car ne captivant plus par ses sornettes à répétition, le philosophe multimédia Bernard-Henri Lévy (BHL), chauffe à nouveau sa place au sommet de l'agenda médiatique en s'attaquant avec servilité au président Abdelmadjid Tebboune. Embarrassé par le succès de la visite historique de Tebboune en Russie, il sort ses cases pour ranger l'Algérie dans «le camp du terroriste Poutine», celui «de la guerre contre les démocraties» et «des crimes contre l'humanité sans nombre». Lui, BHL, qui a été la cause de la destruction totale d'un pays souverain, la Libye, et de l'assassinat de la manière la plus horrible de son président, Mouamar El Gueddafi. C'était clamait-il sur les plateaux de chaînes de télévision, «pour instaurer la démocratie». L'Algérie qui a combattu seule le terrorisme barbare a- t-elle des leçons de politique internationale à recevoir de cet opportuniste dont l'amateurisme charrie des dégâts irréparables? À qui s'adressait BHL et qui le croirait? Le brillant historien britannique Perry Anderson s'interrogeait sur «l'attention accordée par la sphère publique en France à ce grand nigaud, en dépit des preuves innombrables de son incapacité à saisir correctement un fait ou une idée». La France officielle a toujours utilisé cet homme comme un deuxième Lawrence d'Arabie avec le succès en moins. Incontestablement, Bernard-Henri Lévy est un looser. Il a perdu toutes les causes pour lesquelles il était engagé. La Libye, la Tunisie, la Syrie... Depuis trente ans qu'il rôde à la rue du Faubourg Saint-Honoré, pour réclamer une mission internationale. C'est ce rapace qui vient asséner à l'Algérie des cours de démocratie et de lutte antiterroriste. Incroyable avatar des choses! BHL qui aime jouer au soldat tiré à quatre épingles dans de faux décors, s'inscrit en réalité dans la dynamique d'une meute déchaînée de l'extrême droite française. Avant lui, l'ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driancourt, a agité le dossier de l'accord de 1968. Ou encore l'ancien Premier ministre, Edouard Philippe qui fait sa rentrée de la manière la plus pernicieuse en arrimant des questions sensibles au marketing politique. Que dire alors de la sortie hasardeuse de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, sur le récent décret présidentiel qui définit les conditions d'exécution de l'Hymne national algérien Kassaman. S'exprimant sur la chaîne de télévision LCI, Colonna a rappelé que l'Hymne national algérien fut composé dans «un contexte qui était celui de la décolonisation, et pour tout dire, de la guerre», avant d'affirmer que le décret du président Tebboune est une décision «un peu à contre-temps». Une déclaration «aussi inopportune qu'inacceptable», a condamné l'ancien diplomate Abdelaziz Rahabi. Les Algériens étaient fort surpris de l'idée que se fait Catherine Colonna de l'Algérie. Une incroyable scène a été rapporté dans «Les rives de la mémoire», le dernier livre de l'éditorialiste Jean-Pierre Elkabbach, au moment où le président Chirac s'apprétait à faire une tournée en Afrique. «Il y a urgence! Est-ce que, Jacques Chirac, en chemin, ne pourrait pas s'arrêter à Alger pour un déjeuner, un café avec Bouteflika? Le nouveau Président attend des signes. Il se demande ce que va faire la France.» Fin de non-recevoir. Catherine Colonna, qui était alors porte- parole de l'Elysée, eut les mots les plus durs. «Elle me déclara avec le sourire -sans doute l'a-t-elle oublié-: Nous n'avons aucune confiance dans ces gens-là.». «Ces gens-là? J'étais estomaqué», raconte Jean-Pierre Elkabbach dans son livre. Depuis, Colonna n'a décidément pas beaucoup changé. Certes, toutes les questions entre la France et l'Algérie méritent un vrai débat, mais qui doit être dépassionné et dégagé d'arrière-pensées politiciennes. Ce n'est pas le cas hélas! Et c'est l'embellie des rapports amorcés par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebbboune qui en prend un coup.