La visite de travail qu'a effectuée Ahmed Attaf aux USA a été un succès à plus d'un titre. Elle a mis en avant la convergence de vues sur les questions de l'heure. Particulièrement sur la crise au Niger, pays frontalier de l'Algérie, et où une intervention militaire plane toujours. Sur cette question, Alger et Washington partagent la même position. Les deux diplomates l'ont dit haut et fort alors que des parties travaillent pour semer encore le désordre au Niger et dans toute la région. À l'issue de leur entretien, le ministre des Affaires étrangères et son homologue américain ont réaffirmé l'impératif de privilégier la solution pacifique au détriment de l'intervention armée. Si d'autres capitales occidentales sont plutôt favorables à l'action armée, Alger et Washington mettent à profit tous les canaux et toutes les tribunes pour faire avancer la solution pacifique. Cette attitude ne fait que rehausser la place de l'Algérie dans le concert des nations et l'installe plus que jamais parmi les pays attachés à la paix à travers le monde. C'est sans doute cette doctrine, en plus d'autres facteurs, qui a permis à l'Algérie de passer au rang de membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. C'est aussi cette doctrine qui structure les initiatives de médiation et les offres de paix que lance l'Algérie. La dernière en date concerne la guerre en Ukraine. En ce qui concerne le Niger, il va sans dire que l'Algérie n'a pas laissé d'ambiguïté à sa position de rejet de tout recours à la force armée. Y compris quand l'organisation ouest- africaine lance son ultimatum précédant l'action armée. Et même quand elle annonce une intervention imminente. La visite de Attaf à Washington montre aussi que l'action diplomatique de l'Algérie est loin d'être sclérosée ni bloquée par les liens d'amitié que le pays entretient avec certaines capitales. Les questions abordées par Attaf à Washington avec son homologue Blinken démentent la thèse selon laquelle l'Algérie ne serait pas fidèle à son sacerdoce diplomatique du non-alignement. Aussi bien sur l'actualité brûlante au Sahel que sur les autres questions objets des jeux de positions. C'est le cas de la cause sahraouie à propos de laquelle le chef de la diplomatie américaine a exprimé son soutien au processus onusien. Dans un tweet posté, mercredi soir, soit à l'issue de ses discussions avec Ahmed Attaf, le secrétaire d'Etat américain a indiqué avoir exprimé son «plein soutien au processus politique de l'ONU» au Sahara occidental. Une déclaration qui sonne comme un désaveu aux thèses du Maroc. De son côté, le porte-parole du Département d'Etat américain, Matt Miller a indiqué qu'Antony Blinken a réitéré son plein soutien aux efforts de l'Envoyé personnel du SG de l'ONU, Staffan de Mistura, dans ses consultations avec les parties concernées pour arriver à une solution politique au Sahara occidental. Autre gain de cette visite: Blinken a par ailleurs félicité Ahmed Attaf pour l'élection de l'Algérie en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité, en soulignant la volonté des Etats-Unis de travailler étroitement avec l'Algérie sur toutes les questions traitées par le Conseil de sécurité. Cette visite a été, selon des observateurs, marquée par une forte solennité réservée à Ahmed Attaf. Ce dernier s'est entretenu aussi avec le Coordinateur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord du Conseil de sécurité nationale à la Maison-Blanche, Brett McGurk. Les deux parties ont passé en revue, selon la même source, les derniers développements de la situation au Moyen-Orient, de la question palestinienne et de la crise en Libye, dans le contexte des efforts consentis par les Nations unies pour réunir les conditions nécessaires à l'organisation d'élections libres et régulières permettant de mettre un terme à la division. Ahmed Attaf s'est également entretenu avec le secrétaire d'Etat adjoint, Derek Chollet qui s'apprête à occuper le poste de sous-secrétaire à la Défense, avec lequel il a notamment évoqué les développements de la crise au Niger et les voies et moyens à même de coordonner les efforts des deux pays tendant à renforcer les chances d'un règlement pacifique de la crise. C'est que cette visite a signé une entente algéro-américaine pour rejeter toute intervention militaire au Niger. Elle a confirmé aussi de bonnes perspectives de partenariat et une disponibilité de coopération au sein des instances internationales.