Le nombre d'ouvrages consacrés à l'auteur du mythique roman «L'étranger» ne cesse de grandir. Cette fois-ci, c'est la spécialiste de la littérature Christiane Chaulet Achour qui vient de publier un livre consacré à l'auteur de «La chute». L'ouvrage est intitulé: «Albert Camus, le poids de la colonie». Sur 288 pages, Christiane Chaulet Achour qui est l'une des plus grandes spécialistes de la littérature d'expression française, partage sa conviction qu'une critique non hagiographique de l'écrivain finira par être lue et enregistrée et permettra de donner d'autres contours à son profil, non pour l'éliminer du champ littéraire mais pour lui donner sa place dans le contexte où il a vécu et écrit. Ce contexte, ajoute Christiane Chaulet Achour, est celui de l'Algérie de son époque, dans l'ample mouvement de colonisation / décolonisation, dans le vécu d'une guerre violente et d'une terre célébrée dans certains de ses contours, à partir de ce qu'il a toujours revendiqué être: un Français d'Algérie. «Ces années sont les dernières de l'Algérie coloniale et celles de sa remise en cause par la guerre de libération des Algériens», explique l'auteure. Cette dernière explique que relire les oeuvres d'Albert Camus, qui ont pour cadre l'Algérie, l'escorter avec des contemporains qui interpellent le réel d'alors autrement, l'accompagner avec ses épigones et admirateurs, comprendre l'icône qu'il est devenu dans la littérature française, sont les préoccupations constantes de son essai. Christiane Chaulet Achour rappelle que le 16 octobre 1957, le prix Nobel est décerné à Stockholm à Albert Camus. Cette consécration survient au moment même où la «bataille d'Alger» connaît son terme, dans la violence et la répression, par l'intervention du général Massu et de ses troupes. «On sait que cette année 1957 - dont il est question plus d'une fois dans les pages de ce livre - a bien été insensée au sens premier de contraire au bon sens mais non insensée dans le contexte de la résistance algérienne et de la répression qui entend la démanteler», souligne encore l'auteure en s'interrogeant: comment écrire et témoigner avant, pendant et après une telle intensité historique? Le livre de Christiane Chaulet Achour se décline sous plusieurs chapitres comme: «Albert Camus du colonial à l'international», «L'écrin algérien d'une écriture», «Noces ou la revendication de l'autochtonie,» «Ma lecture de L'Etranger», «L'Absurde et la mort de l'Arabe», «Algérianité/Arabité», «Le manuscrit inachevé»... Le livre parle aussi des lecteurs algériens de l'oeuvre d'Albert Camus et effectue une plongée dans le parcours bio-bibliographique d'Albert Camus. Dans une autre partie, l'auteure parle d'Albert Camus et Mouloud Mammeri, où il est question de la Kabylie mais aussi de deux écrivains face à la guerre. A.M.