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L'Algérie cherche un leadership sur le Sud
STRATEGIE 2006
Publié dans L'Expression le 02 - 10 - 2006

Les objectifs de Bouteflika dépassent de loin la simple envie de sortie de crise.
Avec des revenus pétroliers conséquents, une alliance gazière avec la Russie, une bonne entente avec l'administration Bush, une voix audible dans le Mouvement des Non-alignés, le dossier du Sahara occidental à l'ONU, mais aussi un verrouillage des alliances avec les pays africains amis, en 2006, l'Algérie du président Abdelaziz Bouteflika donne l'impression d'être sur tous les fronts. Mais qu'en est-il réellement?
Comment le chef de l'Etat positionne-t-il son pays dans l'échiquier mondial? Que fait-il sur la scène intérieure algérienne, et notamment économique?
Ses déplacements, estime Catherine Graciet du Journal, réels ou programmés, confirment que l'Algérie se projette comme un «leader du Sud», selon la formule de Khadidja Mohsen-Finan, chercheuse à l'Ifri, qui voit que, voulant emmener le camp des Non-alignés, devenus en réalité altermondialistes, «Abdelaziz Bouteflika veut donner un nouvel élan aux relations avec l'Amérique latine avec qui l'Algérie entretient des liens idéologiques et politiques. Il ne faut pas oublier que de nombreux hauts fonctionnaires, aujourd'hui en poste, ont été formés à Cuba. Alger caresse aussi l'espoir d'acheminer le gaz algérien vers ce continent.» L'escale américaine prévue, puis annulée à la dernière minute, du président Bouteflika, montre, elle, que, forte de ses excellentes relations avec l'administration Bush, l'Algérie ambitionne de devenir le médiateur des Etats-Unis avec le camp des «Non-alignés», notamment avec les Latino-Américains, très remontés contre Washington. L'Afrique occupe également une place privilégiée dans les plans «non-alignés» d'Alger qui renforce son axe Algérie-Nigeria-Afrique du Sud pour contrer la pression que lui oppose le Maroc, dont la diplomatie est très active sur le continent africain depuis six mois. «Ce positionnement de leader du Sud passe enfin par faire entendre sa voix aux grandes puissances là où elle peut être entendue. C'est le cas à l'ONU, sur le dossier du Sahara occidental», note Khadidja Mohsen-Finan. En effet, en avril dernier, lors de la publication du rapport de Kofi Annan sur le Sahara occidental, les Nations unies ont tenté de montrer que leur diplomatie s'intéressait plus aux faits qu'à l'Histoire. En vain. Alger a refusé net d'adhérer à ce qu'elle considère comme une «dérive» qui tend à «opposer la réalpolitik à la légalité internationale», et suggère que «la première prévale sur la seconde». En parallèle, l'Algérie fait cavalier seul pour mieux ancrer ses relations avec l'Europe. Le pays mise sur deux tableaux, comme l'explique Luis Martinez, chercheur au Ceri (Centre d'études et de recherches internationales). «D'abord, devenir un fournisseur incontesté en gaz, mais surtout un fournisseur fiable, comme la Norvège par exemple. L'Algérie mise également sur la coopération sécuritaire et antiterroriste en tablant, entre autres, sur l'Euroforce et l'Otan.»
Dans le domaine sécuritaire, la priorité d'Alger va, toutefois, aux Etats-Unis, et les mauvaises relations avec les administrations Reagan et, dans une moindre mesure, Clinton, appartiennent au passé. «L'Algérie sait très bien que le leader économique et sécuritaire à suivre sont les Etats-Unis. Mais attention, les Américains ont une vision planétaire des choses et, en ce qui concerne l'antagonisme Maroc-Algérie, ne choisissent pas. Ils procédaient exactement de la même façon avec l'Irak et l'Iran, avec le Brésil et l'Argentine, mais aussi avec la Tchéquie et la Pologne», poursuit Luis Martinez. Les «entrées» d'Alger avec Washington sont assurées par un engagement aux côtés de Bush sans sa «Total war», mais aussi par une surveillance accrue de la Méditerranée et de l'inquiétante bande du Sahel, deux sources de tensions pour les Etats-Unis.
Lors d'une intervention de Lorenzo Vidino, sous-directeur de Investigative Project, il y a quelques mois, devant la sous-commission du terrorisme international et de la non-prolifération, de la Chambre des représentants de Washington, il avait clairement mis en garde contre la «zone grise du Sahel», et estimé que l'Algérie est le meilleur allié des Etats-Unis dans cette région délicate: «un allié-clé», a-t-il prononcé.
Les Etats-Unis avaient, en fait, commencé à s'intéresser à cette région au lendemain de la guerre engagée aux Etats-Unis et la dispersion des cadres d'Al Qaîda et de ses sympathisants un peu partout dans le monde. La présence du Yéménite Imad Abdelwahed Alouane en Algérie, puis l'acheminement des 14 touristes kidnappés par le Gspc d'Algérie vers le Mali, avaient fini par conforter les experts militaires américains que cette bande du Sahel finira par constituer une «rampe de lancement» pour les futurs groupes armés.
La capture des islamistes africains, menés par Amari Saïfi dans la zone de guerre du Tibesti, a fini par faire croire, définitivement que la bande du Sahel, déjà infestée de groupes rebelles, d'opposants armés, de Touareg sécessionnistes et de contrebandiers constitués en bandes mafieuses, risque de se voir encore encombrée d'islamistes qui se retrouveraient aux portes de l'Europe, dès qu'ils passeraient les frontières nord. Le plan Pan-Sahel Initiative (PSI) américain est un vaste programme, dont l'objectif est d'endiguer toute menace terroriste venant du Sahel.
Près de 120 millions de dollars ont été débloqués à cet effet, en plus d'experts militaires et d'équipements sophistiqués pour le repérage, la reconnaissance, la détection et, éventuellement, l'attaque aérienne. Pour Washington, toutes les bandes islamistes de la région ne peuvent qu'être alliées à Al Qaîda, et doivent, de ce fait, être traquées sans répit et démantelées. Cependant, les Etats-Unis ne peuvent s'engager longtemps sur plusieurs fronts ni engager leurs troupes, déjà très éprouvées dans des guerres d'usure, et tout aussi aléatoires qui plus est. D'où tout l'intérêt porté, aujourd'hui, à l'Algérie qui possède déjà sur place hommes et logistique militaire.
Second pays avec lequel l'Algérie soigne particulièrement ses relations: la Russie, le géant énergétique du XXIe siècle. Comme la Libye ou le Turkménistan, l'Algérie veut être sur la liste de ceux avec lesquels Moscou s'alliera ou plutôt vassalisera, en leur offrant des moyens logistiques et financiers pour exploiter, puis distribuer, leurs ressources naturelles. Les prévisions algériennes de production gazière montrent, d'ailleurs, que cette ressource constitue un axe majeur de développement. L'Algérie prévoit de passer de 1,5 million de barils de pétrole par jour à 2 millions en 2010, mais veut exporter 95 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an en 2010 contre 65 milliards aujourd'hui.
Pour le gaz, l'Algérie va se comporter avec la Russie exactement comme avec les Etats-Unis pour la sécurité. La Chine est l'autre nouveau venu. Elle est omniprésente en Algérie, même si ce type de partenariat est susceptible de gêner son développement social, comme le montre Luis Martinez: «L'Algérie est confrontée à un gros problème de chômage. Or, les entreprises chinoises créent peu d'emplois, car elles importent leur main-d'oeuvre. Elles travaillent en trois-huit avec les salariés chinois et sont donc capables de construire un hôpital en trois mois, mais le pays concerné n'en tire pas de bénéfice direct en termes d'emploi. Ces partenariats-là seront valables tant que l'Algérie tarde, ou ne parvient pas, à injecter ses pétrodollars dans sa propre économie.» Et l'Algérie s'en vante: grâce à l'envolée des cours du pétrole, le pays est aujourd'hui à la tête du plus gros pactole de son histoire.
Les réserves en devises de sa Banque centrale avoisinent les 68 milliards de dollars, et en 2006, les recettes pétrolières devraient atteindre les 50 milliards de dollars. A moins d'un contre-choc pétrolier inattendu, l'Algérie dispose, donc, d'une rente financière stable. La vraie question est maintenant de savoir ce qu'elle en fait. Ou peut en faire...


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