Géopolitique, mondialisation, indépendance et liberté, des thèmes qui vont comme un gant au président de la République. «Tout le monde sait que le mouvement des Non-alignés est né durant la guerre froide. Il réunissait l'ensemble des pays qui voulaient préserver leur indépendance en refusant leur engagement dans l'un ou l'autre des deux blocs rivaux de l'époque». Ainsi a débuté l'allocution du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika qui s'est aussi entretenu, ce vendredi, au Palais de la révolution, en marge des travaux du 14e sommet des pays Non-alignés, avec le président cubain. Depuis la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'Union soviétique-annonciateurs de la fin de la guerre froide et de l'unitéralisme et de l'hégémonisme-américain, le mouvement des pays Non-alignés qui tirait son essence même du Non-alignement vis-à-vis des deux superpuissances de la planète qu'étaient les Etats-Unis d'Amé-rique et l'URSS, était tout simplement menacé de disparition et sa raison d'être pratiquement remise en cause. Cependant, l'unitéralisme imposé par l'Orga-nisation mondiale du commerce, à sa tête les Etats-Unis, et les pays occidentaux ainsi que le respect de la légalité internationale semblent vouloir impulser un nouveau souffle au mouvement des pays Non-alignés. Et l'allocution prononcée par le président de la République, lors du 14e sommet des pays Non-alignés à La Havane, abonde en ce sens. «Je pense en toute humilité que le non-alignement continue à avoir sa raison d'être et s'il n'a plus sa signification originelle de neutralité par rapport à deux camps adverses, il exprime toujours notre volonté de préservation de notre indépendance et de notre liberté.» Un des débats de ce 14e sommet des pays Non-alignés, qui a posé la question du Sahara occidental, continue de constituer une préoccupation prioritaire pour le mouvement des pays Non-alignés. Il a démontré, une fois de plus, que le Sahara occidental constitue un problème de décolonisation qui met en jeu un principe fondateur du mouvement des pays Non-alignés. Un projet de résolution majeur devrait remettre en selle les résolutions adoptées par l'Assemblée générale des Nations unies concernant le conflit du Sahara occidental. Dernier baroud d'honneur, pourrait-on dire pour Kofi Annan, qui devrait lui laisser entrevoir une porte de sortie honorable. La résolution 60-114 adoptée au mois de décembre 2005 par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, apporte son soutien au plan de paix conçu par James Baker. Artisan de ce plan de paix qui porte son nom, il avait été dûment mandaté par l'actuel secrétaire de l'ONU afin de trouver une solution définitive au conflit du Sahara occidental. Le plan Baker prévoyait la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, après une période transitoire de 5 ans. Ce plan de paix rejeté par le second protagoniste du conflit, en l'occurrence, le Maroc, avait été accepté par le Front Polisario. Les pays Non-alignés ont appelé l'Organisation des Nations unies à assumer ses responsabilités envers le peuple sahraoui. La majorité des pays, qui sont intervenus au cours des débats concernant le peuple sahraoui à disposer librement de son droit à l'autodétermination, l'ont fait sans sourciller. A n'en pas douter, l'Algérie pèsera de tout son poids lors de ces débats. Personne n'est près d'oublier le rôle joué par la diplomatie algérienne, en 1974, emmenée par le président de la République alors président de l'Assemblée générale des Nations unies dans l'expulsion et la mise en «quarantaine» du régime blanc d'apartheid d'Afrique du Sud. C'était le temps où Alger s'appelait «la mecque des révolutionnaires».