Il jette aux oubliettes des stars des mondes sportif, culturel et surtout politique. Zineddine Zidane reste en tête du hit-parade des personnalités françaises. Le traditionnel sondage, que publie, deux fois par an, Le Journal du Dimanche (JDD), en collaboration avec le célèbre institut Ifop, en fait le chouchou du peuple de l'Hexagone. Zidane préserve, ainsi, la première place qu'il avait obtenue en juillet dernier au lendemain d'une Coupe du monde dont on avait dit qu'elle ternirait son image de marque après sa sortie prématurée du terrain, suite au coup de tête sur le torse de Materrazzi le jour de la finale France-Italie. A cette période déjà, les Français avaient montré qu'ils n'en voulaient pas à Zineddine, lui qui, un mois durant, les avait fait rêver par ses prouesses sur les terrains allemands lors d'une Coupe du monde qu'il avait survolée de sa classe. Du reste, malgré son exclusion le jour de la finale, les experts de la Fifa n'avaient pas hésité à le désigner meilleur joueur du Mondial. Tout récemment (il y a à peine 15 jours) il est passé tout près d'un autre titre suprême, celui du meilleur joueur de la planète, un trophée remis dans un climat de contestation par la Fédération internationale de football au défenseur italien du Real Madrid, Fabio Cannavaro. Si la valeur de ce dernier n'est pas mise en doute, nombre d'observateurs ont estimé que devant la classe de Zineddine, il ne pesait pas lourd. Le sondage du JDD est une référence de poids. Il met en évidence le choix des Français pour un personnage qui ne cesse de les fasciner depuis plus de dix ans. Il avait suscité leur admiration dès son entrée en équipe de France lors d'un match contre la République tchèque en 1994, match durant lequel il avait inscrit les deux buts des Bleus. Le scénario avait, carrément, tourné à de l'idolâtrie en 1998, année où l'équipe de France avait remporté la Coupe du monde avec deux buts de Zidane en finale face aux Brésiliens. Nul n'oubliera qu'en la circonstance, le fronton de l'Arc de Triomphe, en haut des Champs Elysées, avait scintillé du portrait de Zineddine avec l'inscription «Zizou président». La Zizoumania battait alors son plein, accentuée par un autre exploit en Coupe d'Europe des nations en 2000 (victoire finale de l'équipe de France). La sortie ratée de la Coupe du monde de 2002 en Corée du Sud, suivie de celle presque aussi médiocre de l'Euro 2004, au Portugal, ont certainement joué sur une espèce de stagnation de la part de la star du football mondial. Cela n'avait pourtant pas eu d'incidence sur le respect et l'admiration que lui vouaient les Français qui en avaient fait, en 2004, leur personnalité préférée. Au point qu'ils se sont mis à réclamer son retour parmi les Bleus après qu'il eut décidé de mettre un terme à sa carrière internationale à l'issue de l'Euro portugais. Une opération qui avait fini par porter ses fruits lorsque Zineddine a décidé de venir en aide à une équipe de France en grand danger d'élimination de la Coupe du monde de 2006. La suite, on la connaît avec la qualification des Bleus pour le Mondial allemand, leur superbe parcours lors de celui-ci malgré une défaite en finale contre les Italiens. Le tout sous la conduite d'un Zidane plus fort que jamais dont on se souviendra que le 1er juillet, lors d'un quart de finale de toute beauté, il avait sorti le match référence en «jonglant» avec les Brésiliens écoeurés devant tant de talent. De juillet à décembre, la France a connu bien des événements où des personnalités, sportives ou autres, se sont mises en évidence. Zineddine aurait pu rentrer dans le rang et être oublié. Or sa retraite n'a pas joué. Il est celui que les Français préfèrent au moment où d'autres vedettes du ballon rond comme Thierry Henry (27e) ou des stars de la musique comme Johnny Hallyday (17e) dégringolaient dans le classement. Même des politiciens de la stature de Ségolène Royal (23e) et de Nicolas Sarkozy (42e) font tête basse devant lui. Sa consécration intervient juste après une visite historique qu'il avait accomplie dans le pays dont il est originaire: l'Algérie. Ce voyage, plébiscité par les Algériens qui avaient réservé à Zineddine un accueil digne d'un chef d'Etat, l'a énormément marqué d'autant qu'il lui avait permis de venir voir, sur site, les réalisations pour lesquelles il avait contribué après le séisme qui avait gravement affecté la région de Boumerdès. Il avait, aussi, été décoré en la circonstance, par le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, de la médaille El Athir de l'Ordre du mérite national. Certains, du côté de l'Hexagone n'avaient pas, ce jour-là, hésiter de parler de «récupération par les autorités algériennes» alors que Zidane ne faisait que répondre à une invitation émanant de la part du premier magistrat du pays de ses ancêtres. Lequel tenait à honorer un personnage qui a aidé les organismes caritatifs de ce pays lorsque le besoin s'était fait sentir. Aujourd'hui, il en est, toujours en France, à évoquer le terme de récupération lorsqu'on sait que ce pays va, au mois de mai prochain, élire un nouveau président de la République. Elles sont, en effet, nombreuses les stars qui affichent ouvertement leur préférence politique et on se plait à croire que Zineddine fera lui aussi un tel pas. C'est mal connaître le personnage qui déclare: «Je ne serai jamais récupéré si je ne le veux pas. Tout ce que je fais, c'est dans l'unique but de me faire du bien ou de faire du bien autour de moi et ce sera toujours dans le domaine du sport, ou des enfants. Rien en politique, sauf si je le décide un jour. Mais ce n'est pas demain la veille». Les politiciens en seront pour leurs frais, eux qui n'hésitent jamais à réclamer le soutien de quelqu'un qui est bien vu des Français. A fortiori, lorsqu'il s'agit de leur chouchou. Zidane qui clame que pour lui «c'est un honneur d'être parmi tous ces grands noms et surtout d'être apprécié du public. Mais ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est de suivre le chemin que j'ai toujours voulu suivre» aura, certainement, réussi là son plus beau dribble.