L'auteur affirme la judaïté de la reine des Berbères, au détriment de sa berbérité. Dans son dernier livre intitulé La Kahina, sorti en septembre 2006 aux éditions Plon, Gisèle Halimi revient plus de mille ans en arrière. Elle revient plus de dix siècles en arrière pour nous conter, ou nous raconter, les dernières années de la reine des Berbères, La Kahina. Elle qui a tenu tête aux envahisseurs arabes qui, officiellement, sont venus en Afrique du Nord pour répandre les préceptes de l'Islam. Femme belle et rebelle. Fille de Thabet, chef de la tribu des Djerraoua. Lui qui voulait vaille que vaille avoir un garçon, sa femme mettra au monde qu'une «femelle». La déception du père a fait son effet sur la vie de La Kahina qui, pour satisfaire la volonté de Thabet, apprend à manier les armes et à guerroyer. Elle devint, après la mort de son père, le guide de tout un peuple. Elle s'allie au chef de la tribu des Branes, Koceila. Celui-ci sera tué à Mens, en 688 après J.C., par Zoheir Ibn-Kaïs. Dans son livre, Giselle Halimi va au-delà de cette simple biographie. Elle fouine dans les arcanes et chicanes de l'histoire et nous fait découvrir la relation, à la fois maternelle et amoureuse, vouée par la reine des Berbères à son captif Khaled Ibn Yazid Al Absi. Ce dernier a été emprisonné après la défaite de son oncle Hassan Ibn Thabit face à l'armée de Kahina. La guide de la tribu des Djerraoua, en donnant le sein à son captif, l'adopte et il devient, de ce fait, l'un de ses enfants. Toutefois, au fil du temps, cette adoption dépasse la simple relation maternelle ou filiale et les rapports deviennent de plus en plus amoureux. Cela ne va pas sans attiser le feu de la discorde entre la Kahina et l'un de ses enfants. «J'ai voulu clore ce cycle par la Kahina. Dans son contexte historique, je l'ai fait vivre, aimer, guerroyer, mourir. Comme mon père, Edouard le Magnifique, l'aurait peut-être imaginée. La Kahina était-elle son ancêtre? Peut-être. L'ai-je aimée en la faisant revivre. Oui. Passionnément», écrit Giselle Halimi dans le quatrième de couverture de son livre. «Mon grand-père paternel me racontait souvent, par bribes, l'épopée de la Kahina. Cette femme qui chevauchait à la tête de ses armées, les cheveux couleur de miel lui coulant jusqu'aux reins. Vêtue d'une tunique rouge - enfant, je l'imaginais ainsi -, d'une grande beauté, disent les historiens. [...] Devineresse, cette pasionaria berbère tint en échec, pendant cinq années, les troupes de l'Arabe Hassan», écrit-elle encore. Néanmoins, au-delà de la saga de la Kahina, et de la reine qu'elle fut, Gisèle Halimi préfère axer son oeuvre romanesque sur l'identité religieuse de La Kahina tout en feignant ignorer ses origines berbères. En mettant en avant la judaïcité de La Kahina, Giselle Halimi semble vouloir s'approprier ce personnage ou, en termes plus clairs, veut persister dans la mystification de la «Kahina la juive». Pour ce faire, elle s'appuie sur plusieurs preuves, dont celle relative à l'origine du prénom Kahina qui, selon Halimi, est dérivé du prénom juif Cohen. Pour étayer un peu plus ses arguments, elle cite les oeuvres d'Ibn Khaldoun. Aussi, là où Gisèle Halimi paraît vouloir vaille que vaille confirmer la judaïté de la Kahina, au détriment de ses origines berbères, est dans le fait qu'elle confirme: «Dans la terre judaïque, la Kahina n'était pas la seule femme à avoir pris les rênes de son peuple, mais il y avait aussi Judith, et Tabora...» Giselle Halimi tente ainsi de confirmer la tradition juive, selon laquelle le peuple juif est «un peuple élu de Dieu». La Kahina de Gisèle Halimi. Editions Plon, septembre 2006.