Parée comme une fée, soigneusement drapée dans son manteau blanc, la montagne du Djurdjura domine et semble veiller sur le site féerique de Tikjda. Sous sa robe blanche, la montagne est majestueuse et imposante. A Tikjda, les dernières chutes de neige ont drainé une foule immense. Depuis le week-end dernier, la montagne est prise d'assaut par des milliers de visiteurs venus de divers horizons, d'Alger et des wilayas limitrophes. Même avec un peu de retard, la neige était présente et opulente et le site de Tikjda ne désemplit pas, depuis que la poudreuse est venue embellir ses paysages de rêve. En effet, c'est le troisième week-end de suite que l'on enregistre une telle affluence. Sur la route menant de Bouira vers Tikjda, en passant par Haïzer, la file des automobiles commence, très top le matin. Et pour atteindre le site ou aller là-haut vers Aswal y goûter des moments conviviaux et certainement inoubliables, il faut vraiment s'armer de patience en raison de l'impraticabilité des routes. Ce mercredi, le ciel est couvert, le soleil se fait timide, mais les caprices de la météo ne changent en rien à la détermination des amis de la nature. Des foules affluent de toutes parts, dès les premières heures de la matinée. Sur la route tortueuse menant vers le complexe, des familles blotties dans des véhicules immatriculés dans différentes wilayas du pays, s'inquiètent et essayent en usant de tous les moyens possibles de tromper leur impatience. On regarde de tous les côtés, on gesticule, on parle aux enfants, on ouvre parfois la portière quand la voiture s'immobilise. Mais l'attente se fait souvent longue et l'embouteillage, qui prend de plus en plus de dimension, devient même ennuyeux pour les pressés qui aspirent à goûter aux plaisirs de la nature. De part et d'autre de la chaussée, des voitures et des bus sont garés parfois n'importe comment. Ce qui ne fait que compliquer les choses. Par moment, la circulation s'arrête brusquement. On descend de voiture. On tourne autour et on essaye de dégager le passage avec les moyens de bord et l'entraide. Quand le beau monde, qui s'est mis de la partie arrive à débloquer la voie, la procession s'ébranle de nouveau et la progression continue. Entre deux véhicules garés, on aperçoit parfois des cartons posés à même le sol où différentes marchandises sont exposées à la vente. Les prix sont remarquablement abordables mais indiscutables. Les vendeurs, jeunes pour la plupart, tentent d'attirer l'attention des visiteurs en quête de friandises et autres consommations riches en calories ou encore un appareil photo jetable pour immortaliser les beaux sites qui s'offrent aux yeux et les agréables moments passés en famille ou entre amis dans ce coin paradisiaque. Las d'avancer au ralenti, des écoliers venus de la commune d'Ighil Ali, préfèrent regagner les monts enneigés à la marche et quittent leur bus immatriculé dans la wilaya de Béjaïa, en petits groupes. Pourtant, quand ils étaient à l'intérieur, l'ambiance n'y manquait pas, la musique s'y échappait à grands décibels par deux ou trois vitres laissées à demi ouvertes. En dépit de la joie régnant à l'intérieur du bus, les bambins de Béjaïa ont voulu le vivre loin du ronronnement des moteurs sous un pin d'Alep ou en s'échangeant les boules de neige. Un peu plus loin des cantonnements de la garde communale, apparaissent les premiers arbustes et les troncs d'arbres calcinés par l'incendie ravageur qui avait décimé le site, il y a quelques années de cela. Premier contact avec le site, la plupart des visiteurs, en particulier ceux venant pour la première fois à Tikjda, sortent faire une petite incursion entre les immeubles et les chalets, histoire de faire connaissance avec les lieux. Certains, seuls ou en groupes, s'aventurent même à l'intérieur de l'auberge, ouverte de jour comme de nuit, pour y déguster un café ou prendre une pizza, sachant pertinemment que leur petite folie peut intensément faire mal à leur porte-monnaie. Par moment, l'atmosphère s'assombrit, le ciel devient noir et sans crier gare, les flocons recommencent à tomber. Les enfants sont aux anges et c'est le moment idéal pour prendre des photos ou filmer des scènes de joie sous la neige. La route qui monte, continue vers Aswen une zone frontalière située à cheval entre les wilayas de Bouira et de Tizi Ouzou, à quelque 1400 mètres d'altitude. Plus on monte et plus la chaussée devient étroite Là, il y a quelques mois, une nouvelle structure sportive de dimension internationale, a vu le jour. Il s'agit, en fait, d'un centre d'entraînement destiné aux regroupements de nos équipes nationales et nos athlètes d'élite. La neige devient plus abondante et les chasse-neige éprouvent des difficultés à déblayer la route à la circulation. Ne pouvant plus avancer pour atteindre Aswal, qui se trouve à 7km du complexe de Tikjda, les automobilistes n'ont d'autre choix que de rebrousser chemin ou de se garer pour admirer la beauté et l'immensité des paysages qui émerveillent le regard. Sous les nombreux caniveaux qui traversent la route, une eau limpide coule à flots. Elle provient du haut de la montagne et sa saveur est unique. Montés sur de grands rochers qui longent la route ou adossés à un arbre séculaire, des visiteurs de tous âges prennent des photos-souvenirs. Sur chaque visage se dessine le sourire et l'entente est immense. Le long de la route, les gens n'arrêtent pas de rire en se lançant des boules de neige. Ils sont là dans le giron de Dame nature au milieu d'une mosaïque de paysages se succédant sans se ressembler. Ils sont là, jusqu'au soir à festoyer dans la joie et... l'insouciance. Ils sont là à se remplir les poumons d'un oxygène pur loin des tracasseries de la vie et de la monotonie de tous les jours. Ils sont là en symbiose avec la nature, loin des gaz d'échappement et les bruits assourdissants de la ville.