Cet événement est attendu tant par les familles des accusés, l'opinion publique nationale que par celle internationale. Le verdict de l'affaire Khalifa Bank sera prononcé, aujourd'hui, par le tribunal criminel près la cour de Blida, et ce, après une délibération de 13 jours. Cet événement est attendu tant par les familles des accusés, l'opinion publique nationale que par celle internationale, puisque la presse étrangère a suivi de très près cette affaire. Celle-ci, dite du siècle, a duré deux mois exactement, soit du 8 janvier au 8 mars et elle a vu le passage à la barre de l4 accusés et plus de 200 témoins. Pour certains avocats de la défense, nombre d'accusés, qu'ils soient de la boîte Khalifa Bank ou autre, ne sont pour rien dans ce scandale. Lors de leurs plaidoiries en réponse au réquisitoire du procureur général, jugé sévère, ils soutiendront que leurs clients et tous ceux qui sont dans le box, ne sont que des victimes, alors que les vrais coupables et ceux qui sont réellement derrière cette affaire, demeurent «ailleurs». Les mêmes avocats se sont demandés quelles sont les raisons de la culpabilisation de leurs clients de Khalifa Bank, alors que les banques publiques sont, depuis toujours, concernées par les scandales et les détournements. L'on retient l'intervention de maître Berghel qui a cité, lors de l'une de ses plaidoiries, les scandales touchant la Banque du développement local (BDL), la Banque agricole et du développement rural (Badr) et la Banque nationale d'Algérie (BNA) sans que cela ne prenne de l'ampleur, comme celui de la défunte banque privée. «C'est faux. Les banques publiques manquent aussi de solvabilité et de crédibilité et ont toujours connu des histoires de détournements et de corruption. Alors pourquoi deux poids, deux mesures?», s'est-il demandé. Ce même avocat explique cela par l'émergence du scandale Khalifa lorsque Abdelmoumen avait créé une chaîne de télévision attaquant le pou-voir. «C'est cela l'élément déclencheur de l'affaire Khalifa», dira-t-il. Pour d'autres, cette affaire, ainsi approchée, touche finalement à la crédibilité de notre économie au moment où notre pays encourage l'investissement étranger. Evoquant leurs clients, les avocats de la défense diront qu'ils travaillaient sous les ordres et les pressions d'Albdelmoumen Khalifa, chose qui les a poussés à céder à ses directives parfois agressives. «Au début, ils ont résisté et décliné les ordres. Toutefois, ils ont cédé parce que cela leur a été imposé par la force des choses», tout en insistant que l'ex-président-directeur général du groupe Khalifa s'était même engagé avec la Banque d'Algérie pour assainir sa banque et justifier les sorties d'argent sans les pièces comptables et qu'il assumait pleinement ses actes. Pour les accusés ayant déposé des sommes d'argent au niveau de la défunte banque, comme les directeur généraux et les présidents-directeurs généraux d'entreprises nationales et des Caisses d'assurance, ils diront que la banque Khalifa était très bien maquillée avec sa «notoriété» et que l'opération de dépôt a eu lieu pour des raisons purement économiques et non pour bénéficier d'avantages qui seraient minimes de par leur fonction. «Un P-DG ou un DG n'a pas besoin d'une carte de thalassothérapie et ne va pas s'abaisser pour placer de l'argent contre cette carte qui est, d'ailleurs, à sa portée.» Un avocat s'est exclamé lors d'une intervention en lançant: «Je me demande pourquoi les accusations à l'encontre de certains clients étaient relatives, notamment à l'association de malfaiteurs, alors qu'ils n'ont jamais constitué une association pour nuire à qui que ce soit et que certains d'entre eux ne se sont rencontrés pour la première fois que lors de la prise de corps.» De même, on a vu des gens accusés pour avoir conclu des affaires à leur insu en croyant réaliser des opérations concluantes, tel cet inculpé habitant Ouled Yaïch pour avoir acheté une villa à un prix bon marché à un des accusés. «Quel est son tort?», s'est exclamé un de ses parents. Bref, le verdict prononcé par la juge Brahimi sera sans doute «léger», contrairement au réquisitoire du procureur général qui avait demandé des peines allant de 18 mois à 20 ans, et ce, compte tenu des nombreuses circonstances atténuantes et de la déclaration de la présidente, le dernier jour du procès, en assurant les accusés qu'elle serait clémente avec eux, comme elle l'est pour ses cinq enfants...