C'est aujourd'hui que le tribunal criminel, près la cour de Blida, rendra son verdict concernant l'affaire de la caisse principale de Khalifa Bank. Après deux semaines de délibérations, qui ont commencé le 10 mars dernier, le tribunal aura, ainsi, à prononcer son jugement à l'encontre des 94 mis en cause par ce premier procès du plus grand scandale que l'Algérie vient de connaître depuis son indépendance. Ceux-ci sont poursuivis pour, entre autres, "association de malfaiteurs, détournement, faux et usage de faux, abus de confiance et trafic d'influence". D'autres mis en cause, au nombre de dix, parmi lesquels les principaux instigateurs de cette "escroquerie du siècle" à leur tête Abdelmoumène Khalifa, feront objet d'une procédure de jugement par contumace dès l'annonce du verdict. Depuis la fin des plaidoiries de la défense, de nombreuses questions restent posées sur la finalité de ce procès : quelle peine le tribunal prononcera-t-il contre les mis en cause ? Y aura-t-il d'autres procès concernant le groupe Khalifa, tel que le tribunal de Blida l'a promis ? Quelles sont les nouvelles personnes qui en seront concernées ? Ce n'est qu'à partir d'aujourd'hui, en tout cas, qu'on commencera à déceler les premiers éléments de réponse à ces interrogations. Pour ce premier procès, il ne sera pas étonnant de voir les 94 prévenus écoper de peines "allégées", pour ne pas dire "symboliques", notamment ceux qui ont joué le rôle d'exécutants dans le fonctionnement de la machine Khalifa, et la déclaration de la juge Brahimi, le dernier jour des audiences, ne fait que conforter cette hypothèse. "Désormais, ces accusés font partie de ma famille, je serai clémente à leur égard autant que je peux", a déclaré la présidente du tribunal à la fin des plaidoiries. Pour les spécialistes des cercles judiciaires, si la juge a fait une telle déclaration c'est parce qu'elle sait bien que le plus important de l'affaire Khalifa est à venir. En d'autres termes, n'a-t-on pas vu des témoins qui se sont avérés beaucoup plus impliqués dans cette affaire ? A l'image des responsables des organismes publics ayant engagé des milliards de dinars dans cette " escroquerie ", et les hauts cadres ayant ordonné le transfert des fonds publics dans les caisses de Khalifa moyennant des privilèges aveuglants (des cartes de gratuité, des Mastercard et autres enveloppes garnies de liasses). Ce sont les témoins de cette nature qui seront concernés en premier lieu par les nouvelles procédures judiciaires annoncées par le tribunal criminel de Blida. Avant le verdict d'aujourd'hui, certes le procureur a eu à requérir de lourdes peines contre les mis en cause. Le ministère public, rappelle-t-on, a requis des peines allant de 12 à 20 ans de réclusion criminelle contre les principaux accusés.