Les listes indépendantes ont tendance à devenir un fourre-tout. A deux mois des législatives, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales vient d'annoncer un allègement dans la confection des listes indépendantes. Les formulaires de parrainage au profit des candidats indépendants sont dispensés de légalisation. Ainsi, contrairement aux élections législatives de 2002 où le ministère de l'Intérieur exigeait la légalisation des signatures, le département de Zerhouni semble, cette fois, s'en tenir à l'article 109 de l'ordonnance n° 97-07 portant loi organique relative au régime électoral. La décision, prise par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités Locales, devrait freiner une certaine démobilisation générale constatée sur le terrain et l'immobilisme des partis, d'une part, et de raviver une campagne électorale morose, d'autre part, d'autant que le rendez-vous du 17 mai approche à grande vitesse. Ce désintérêt du corps électoral est généré par une situation socioéconomique défavorable. Il apparaît, cependant, que le succès du prochain scrutin électoral dépend essentiellement du nombre de candidats présents. C'est à cette contingence que répond, d'ailleurs, en théorie, la décision du département de Zerhouni de suspendre la légalisation des formulaires de parrainage. En effet, les observateurs estiment que la décision de ne plus exiger la légalisation des formulaires de parrainage n'est pas imputable uniquement à des considérations techniques mais elle répond à des considérations purement politiques. Les mêmes analystes soulignent que cette mesure permettrait aux «pestiférés» des partis politiques de se présenter dans les listes indépendantes. Dans cette même logique, une abondance de listes électorales, par un éparpillement des voix, servirait les desseins inavoués de certains partis. De cette manière, les députés, élus dans les listes indépendantes, pourront toujours rejoindre les rangs d'un parti. Ce qui devrait permettre à ces derniers d'acquérir une certaine majorité, qui sera négociée avec les indépendants, s'acquérant de facto, la majorité absolue. Néanmoins, en procédant de la sorte, les pouvoirs publics risquent de faire le jeu de certains partis politiques même s'ils demeurent cependant toujours aux aguets quant à la nature des candidats, inéligibles, mais susceptibles d'intégrer certaines listes indépendantes. Les listes indépendantes ont tendance à devenir un fourre-tout. Ce qui fait quelque peu désordre lorsque l'on constate qu'il y a fermeté du côté des partis, et un certain laxisme pour ce qui est des indépendants. Ainsi, tous les militants exclus de leurs partis ou non retenus comme tête de liste se rabattent sur les listes indépendantes. Privilège de députation oblige. A cela, il y a lieu d'ajouter les opportunistes décriés par la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. Cette dernière a décidé d'introduire, d'ailleurs, de nouvelles règles de conduite pour ses candidats aux assemblées élues, notamment le respect de leur mandat et un engagement écrit dûment signé par-devant notaire en cas de démission du parti. De fait, l'on se demande si cette éventualité, la signature d'un document de démission, ne frise pas l'illégalité. Cette nouvelle approche est mise en branle à la suite des multiples défections qu'a vécues sa formation politique. Louisa Hanoune a même mis en garde les autres formations politiques contre les agissements de ces opportunistes qui font de leur fonction élective un fonds de commerce et qui se lancent dans la corruption politique pour s'adonner par la suite, à la chasse aux privilèges. Louisa Hanoune trouve aussi immoral le comportement de certains députés qui «font tout pour acheter des voix, en payant des sommes faramineuses atteignant le milliard, afin de se retrouver en tête de liste». Pour leur barrer la route, elle appelle ses partenaires politiques à mettre en place une véritable éthique politique à inclure dans la loi électorale et qui éviterait que le mandat électif soit un tremplin pour les affaires.