Jamais depuis l'ouverture politique, campagne électorale ne fut autant boudée par les électeurs. La campagne électorale des législatives accroche de moins en moins le large public. Les meetings des candidats sont boudés et plusieurs, d'ailleurs, ont été annulés. Ainsi et dans la wilaya de Tizi Ouzou, ce sont au moins plus de 17 de ces meetings qui ont été annulés, faute de monde. Le fait est que les citoyens semblent las de ces élections qui, à leurs yeux, n'apportent rien de nouveau. II est vrai aussi que l'affligeante image des députés levant la main devant toute proposition de l'exécutif a refroidi plus d'un. Pourquoi voter pour des gens qui acceptent tout, il vaut mieux donc ne pas avoir d'Assemblée et faire ainsi de précieuses économies qui serviraient ailleurs! Ensuite, il y a ces sorties des chefs de parti, notamment ceux de l'Alliance présidentielle qui annoncent pour le FLN, la première place sur l'échiquier national et pour le RND, la seconde place comme si les résultats sont connus d'avance. Plus encore ce lapsus de Boudjerra Soltani qui annonce fièrement que «cette fois-ci, on a un bon quota!» Des sorties qui font froid dans le dos et dissuadent un grand nombre d'aller aux urnes. En sus, de ces positions qui suffisent amplement à expliquer la bouderie des électeurs face aux urnes, il y a ces candidats dont la majorité a un niveau politique au ras des pâquerettes. Des candidats qui, dans leur discours, font dans la surenchère le mensonge en promettant pour certains d'entre eux des choses qui ne sont nullement du ressort de l'APN. Comment, en effet, comprendre ces promesses de réaliser...un CHU dans un hameau ou encore de faire en sorte que l'équipe locale de football soit en division nationale. De quoi vomir tout simplement, quand on sait que d'autres chantiers attendent depuis des années. Les électeurs, qui ne sont pas nés de la dernière pluie, savent ce qu'est l'APN, ses missions et ce qui est attendu des députés, comme ils se rappellent combien étaient grands les anciens de la constituante qui furent carrément des géants. Les choses semblent également déteindre sur les candidats des grands partis qui commencent, eux aussi, à «baisser» le niveau. Des ministres-candidats ne vont pas par quatre chemins, en promettant aux électeurs tout et rien à la fois. Mieux, alors que la Cnpsl et le chef du gouvernement interdisent aux ministres de faire valoir ou de se servir de leur charge dans leur campagne, certains des ministres-candidats font allègrement des entorses à cette règle et c'est à celui qui promet des logements ou encore à faire valoir ses «réalisations» oubliant, que finalement, ce ne sont nullement les siennes mais celles du gouvernement de la République. Devant tant de dépassements et devant ce gouffre d'incompétences, les citoyens retiennent leur souffle et se demandent quand s'achèvera la «descente» aux enfers. Les femmes, quant à elles, sont les dindons de la farce, en effet, et mis à part le PT, les autres formations se sont gardées de mettre en valeur sur leurs, listes les femmes. Elles sont si mal classées que souvent on peut croire qu'elles sont là pour faire décor. Ainsi, expliquer pourquoi les citoyens boudent la campagne semble des plus superfétatoires, tellement les causes sautent aux yeux. La preuve est que les meetings animés par les chefs de parti, qui ont un autre niveau et, notamment les chefs des grands partis, attirent beaucoup de monde.